Archer
Archer est une série animée à découvrir parce qu’elle est drôle, violente, sexy et bien écrite et parce qu’on vous le dit !
Dans le domaine des séries animées pas vraiment pour les enfants il y en a une qui depuis sa première diffusion le 17 septembre 2009 sur la chaine U.S. FX (The Shield et Sons of Anarchy)va son petit bonhomme de chemin et dont on ne parle pas assez c’est l’hilarante Archer. Commencée comme une parodie de James Bond, la série a pris avec succès quelques méchants virages difficiles à négocier qui lui ont permis de se renouveler tout en gardant une étrange cohésion.
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Archer est une série créée par Adam Reed et dans ses 6 premières saisons elle se présente sous les atours d’une série d’espionnage parodique vaguement située dans les années 80 matinée de comédie de bureaux. Au côté des agents de terrains (Lana Kane et Sterling Archer) on retrouve le comptable (Cyril Figgis) la secrétaire (au prénom changeant, Carole, Cheryl… Tunt) et la responsable des ressources humaines (Pam Poovey) sans parler de Krieger le savant fou et clone approximatif d’Adolph Hitler. Cette équipe de bras cassés plus ou moins à la ramasse est dirigée par Mallory Archer la très mauvaise mère de Sterling qui mène tout le monde à la baquette, est raciste comme ce n’est pas (plus) permis et a une vie sexuelle et sentimentale hyper active. Sur ce plan elle n’est pas la seule puisque la série est très portée sur la chose.
Les références premières sont à chercher du côté de James Bond et de séries d’espionnage comme Mission Impossible mais le traitement comique impose un ton qui fait d’Archer un Oss 117 outré (et oui c’est possible). Sterling Archer, comme Hubert Bonnisseur de la Bath, est tellement mauvais, je-m’en-foutiste et incompétent qu’il en est redoutable. Archer est un agent secret qui ne peut s’empêcher de dire qu’il est un agent secret parce que c’est cool. Archer est profondément tête-à-claque et en même temps attendrissant dans sa naïveté, c’est un grand gamin qui refuse de grandir. Comme nombre de héros de comédie il possède aussi ce côté odieux qui fait les bonheurs du genre.
La série est moins maniaque dans sa reconstitution du passé que les OSS 117 de Serge Hazanavicius mais peut se permettre d’étoffer la psychologie de son héros ce que le cinéma peut difficilement se permettre. Sterling Archer est un connard mais on finit par admettre qu’il a quelques bonnes raisons d’être cet individu immature qui boit plus que de raison et fait assez souvent n’importe quoi.
Depuis 2016 Archer s’est affranchi de son cadre de comédie d’espionnage et de bureau pour devenir une série de détective, avec la création de l’agence Figgis, un hommage aux films noirs pour la saison titrée Dreamland, une série d’aventure tropicale trépidante située avant la Seconde guerre mondiale dans une île de la Polynésie française avec Danger Island. En 2019 ce sera au tour de la science-fiction des années 70 de servir de source d’inspiration comique. Chacune de ces saisons gardent les personnages qu’on aime tant tout en les plaçant dans des situations inédites, Archer devenant une curieuse série méta rejouant sa propre mythologie.
Ce qui distingue cette série des autres c’est l’amour qu’elle possède pour le cinéma car aux références précitées et qui sont les plus évidentes il faut ajouter l’obsession que Sterling Archer a pour le regretté acteur Burt Reynolds (Délivrance, Boogie Nights), ces épisodes qui citent History of Violence de David Cronenberg, Terminator et dans la même scène L’équipé sauvage, Casablanca la liste est longue.
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Cette série illustre en quoi l’animation apporte quelque chose en plus à ce que l’on pourrait attendre d’une série si elle était réalisée de façon plus traditionnelle. Archer serait d’une part difficile à produit dans un format de série avec des acteurs en chaires et en os à l’écran parce que pour être crédible il faudrait y mettre un budget conséquent qu’on imagine mal quiconque de sensé dépenser pour un tel projet. Surtout l’animation permet d’aller très loin, nudité, humour limite, situations invraisemblables et violences tout en désamorçant un peu de son aspect audacieux. On pense ici à cet épisode où Sterling Archer doit garder un nourrisson, bébé Seamus, et le rend alcoolique, c’est drôle parce que c’est un dessin animé, ce le serait pas du tout si c’était un vrai bébé que l’on voyait à l’écran. C’est ce qui fait que l’on rit quand Homer étrangle Bart, si dans une série un gros type étranglait un enfant de 10 ans se serait sordide.
Archer est une série à voir car son style de dessin évoque la bande dessinée avec ces aplats de couleurs dans des zones délimitées par des traits noires épais. Dernier atout de cette série d’animation sa qualité d’écriture que ce soit dans ses dialogues ou dans la façon dont les scènes dialoguent entre elles. Enfin Archer pousse aussi loin que possible le comique de répétition créant une connivence rare avec les spectateurs.
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Cette série mérité bien des éloges mais il est tant que vous alliez voir par vous-même sur Netflix où la série est disponible dans son intégralité.
R.V.