Caterina, Rita, Mina & les autres
24 c’est le nombre de morceaux sur cette compilation. 24 c’est le nombre de pépites italiennes rassemblées par le compilateur Mick Patrick pour notre plus grand plaisir
En 2015 le label britannique Ace records sortait Ciao Bella ! Italian Girl Singers of The 60’s une collection de titres chantés en italien par des chanteuses de la péninsule et aussi Catherine Spaak actrice et chanteuse Belge qui avait emménagé dans le pays de la dolce vita pour y faire carrière, ce qui lui avait plutôt réussi. L’ensemble était excellent et on trouvait même des titres qui portaient la griffe d’Ennio Morricone.
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Forcément on espérait une suite d’autant que les notes de pochettes nous avait fait saliver en nous parlant d’une version italienne chantée par Isabella Iannetti de You Don’t Own Me de Leslie Gore (reprise plus tard par Joan Jett sur son premier album post-Runaways). Cette adaptation transalpine, Va… Tu Sei Libero, est au programme de Bellissima ! More 1960’s She-Pop From Italy et nous fondons. C’est aussi bon que ce à quoi on pouvait s’attendre.
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Bellissima ! reprend les choses où sa grande sœur les avaient laissées avec des noms maintenant familiers comme Mina, Caterina Caselli (dont l’une des chansons inspira son titre au polar Arrivederci amore, ciao de Michele Soavi), Patty Pravo, Ornella Vanoni, Catherine Spaak ou Gigliola Cinquetti (gagnante de l’Eurovision 1964) et des découvertes qui ne dépareillent pas au milieu de noms plus illustrent. Il y a même de la place pour quelque carrière météoritique ou avorté comme celle de la Danoise Vibeke qui en dépit d’un contrat avec RCA Italiana n’enregistra qu’un 45 tours qui ne se vendit pas très bien en dépit de la qualité du morceau. Les notes du compilateur Mick Patrick signale que l’infortunée aspirante chanteuse eut le malheur de passer dans la même émission télé qu’un footballer qui lui aussi se lançait dans la chanson.
On retrouve également ce mélange d’adaptations de chansons anglo-américaines et de chansons originales qui n’ont pas à rougir de la comparaison, le tout chanter dans la langue de Gina Lollobrigida. Parfois ces adaptations s’éloignent de la copie carbone pour proposer un regard particulier. C’est le cas sur Mi Manchi, adaptation d’I Need You de George Harrison sur Help ! des Beatles, qui substitue au gimmick de guitare un son curieux (clavier électrique et divers effets ?) et entêtant. On retrouve aussi cette juxtaposition de titres rock, È Proprio Inutile de Meri Maribini avec sa rythmique syncopée à la Louie Louie pour une adaptation des Hollies (You Know He did), et de variété orchestrale avec débauche de cordes comme on les aime au festival de Sanremo.
Ennio Morricone est moins présent que sur Ciao Bella !, il n'apparaît que pour Una Stanza Vuota de Lisa Gastoni une chanson extraite de la B.O. du film noir de 1966 Svegliati E Uccidi, avec entre autre Gian Maria Volontè, par contre le parolier Mogol (né Giulio Rapetti à Milan en 1936) qui était un collaborateur régulier d'Adriano Celentano est un peu partout dans les crédits.
Une compilation incontournable qu’on soit déjà connaisseur de la musique italienne des années 60 ou qu’on soit un simple curieux de la musique de ces années-là. Il n’y a pas un seul mauvais titres dans cette sélection, tout est renversant de beauté même quand ces demoiselles ont le cœur en miette et chante éplorées les peines de cœur. Il y a aussi une énergie folle y compris sur les slows. Les Italiens avaient un groove bien à eux qu’on ne retrouve pas chez les Anglais où les Américains. D’ailleurs la différence saute aux oreilles à l’écoute d’Il Treno, adaptation du gospel This Train, interprétée par Rita Pavone qui est accompagnée par les Britanniques de Talismen, c’est le seul titre qui sonne anglais comme on peut les entendre sur les enregistrements d’outre-Manche.
R.V.