Pour un Noël à la cool
Entre deux tubes pour la Tamla/Motown Stevie Wonder avait du temps pour enregistrer des chansons de Noël et donner aux fêtes de fin d'années une bonne dose de cool
La valeur n’attend pas le nombre des années, dit-on. Ce n’est pas avec Stevie Wonder qu’on dira ou écrira le contraire.
Stevie est signé à l’âge de 11 ans par le label Tamla de Berry Gordy. Il devint un enfant star sous le nom de Little Stevie. Alors que la puberté aurait pu signer la fin de sa carrière son contrat et prolongé. Stevie reste un artiste de la firme de Détroit.
Someday at Christmas fut enregistré et publié en 1967 avec un Stevie Wonder de seize ans qui n’est plus l’enfant star qu’il a été mais n’est pas encore l’artiste majeur qu’il serait dans la décennie suivante avec une poignée de grands albums sur lesquels il faisait tout ou presque. Mais ce qui allait venir, pour grandiose que cela fut, nous éloigne de nôtre propos et de l’album de Noël de Stevie Wonder.
Someday at Christmas est mis en vente un an après Merry Christmas des Supremes et il est tentant de faire la comparaison entre les deux livraisons. Sur ces douze titres Stevie Wonder est d’un cool impérial. Et c’est cette coolitude qui nous fait aimer ces enregistrements. Les mauvais esprits peuvent penser ce qu’ils veulent du latin approximatif du chanteur sur son « Ave Maria » d’après Franz Schubert (clairement la langue des césars et des papes n’est pas son idiome maternel) mais le morceau est chanté avec assez de ferveur pour faire passer ce « Je vous salue Marie ». D’autant que Stevie en profite pour faire un solo d’harmonica, un instrument fort peu liturgique mais qui était un des favoris du chanteur multi-instrumentiste. L’harmonica revient ailleurs sur « Christmastime » entre autre.
Cool et douceur voilà les mots d’ordres. Les tempos sont ralentis, les cordes adoucissent encore un peu plus des chansons. Seule petite anicroche à cette douceur, le martèlement de « The Little Drumer Boy » sur lequel batterie et piano s’entende pour marquer le rythme. Une pulsation obstinée sur laquelle se dépose la voix de miel, un peu fragile par moment, de Stevie Wonder.
« Twinkle Twinkle Little Me », un titre déjà présent chez les Supremes, illustrent à merveille ce qui distinguent Stevie de ses consœurs. Someday at Christmas n’est pas de ses albums de Noël sur-vitaminé qu’on écoute pour se donner du courage et affronter le temps inhospitalier qui sévit dehors, ni de ces galettes exaltées qui font tant de bien quand on a un coup de mou. Someday at Christmas n’est rien de tout ça, c’est une galette légèrement sucrée, mais pas trop quand même, qu’on savoure au calme pausé dans un fauteuil confortable ou mieux encore bien au chaud sous sa couette en se réjouissant de n’avoir rien d’autre à faire pendant une quarantaine de minutes.