memento mori
Le Ghost 2018 est une danse macabre qui, même si le groupe ne renonce pas complètement à Lucifer et ses oeuvres, met la Mort au cœur de l’album.
Souviens-toi que tu vas mourir, telle pourrait être le sous-titre de Prequelle de Ghost. La pochette avec son verso en triptyque quelque part entre Bosch et Dürer ne nous ment pas sur le contenu de l’album entre dance macabre du Moyen-Age et figure de la Mort quasi omniprésente.
Ghost opère un changement thématique mais ses fondamentaux demeurent pour la joie de ceux qui aiment le groupe suédois et le plus vif désagrément de ceux qui ne goûtent pas un metal qui se vend bien, trop bien penseront les détracteurs. Une musique trop commerciale, comprendre qui se vent et qui échappe à l’underground et aux seuls initiés.
Le metal de Ghost est mélodique, emphatique, grandiloquent et musicalement attrayant. Cette musique est ancrée dans les années 70 et 80 sans pour autant sentir la naphtaline ou n’être qu’un vain exercice de style. Prequelle est tellement années 80 que le groupe se permet même un solo de saxophone sur Miasma et on se croirait chez Roxy Music période Avalon mais en plus agressif. Ghost est au monde du metal d’aujourd’hui ce que Queen était à celui du rock de naguère, un défis au bon goût, une hérésie qu’il faut éteindre, un pécher à châtier, un cauchemar dont il faut se réveiller. Certes Queen vendait beaucoup plus, l’époque le permettait, mais comme Ghost les sujets d’Elisabeth II avaient un problème de crédibilité rock, leur musique sentait le Chanel alors que tout esthète de la chose rock savait alors que sa musique chérie devait au mieux sentir la bière et au pire la sueur.
Ceux qui n’aiment pas Ghost ne seront pas convaincus par ce quatrième album studio, ils trouveront ici de nouvelles raisons de ne pas aimer la musique du groupe. Les autres, les convertis, n’auront pas vraiment de raison de se plaindre. Si Prequelle est dans la continuité de Meliora, il n’en n’est pas pour autant le décalque. L’album laisse ainsi en retrait le côté musique religieuse luciférienne au profit de chansons qui tournent autour de la Mort et de son inévitabilité. Prequelle même s’il met la pédale douce sur le pastiche de musique d’Eglise garde un côté solennel et offre quelques belles parties musicales dont l’utilisation à minima est parfois frustrante.
Ghost n’en fait qu’à sa tête au point d’inclure en bonus d’une reprise des Pet Shop Boys et une de Leonard Cohen qui ne sont pas de nature à brosser les fans d’extreme metal dans le sens du poil. Ghost est ailleurs et nous avons la faiblesse de penser qu’on peut aimer ce disque et aussi Exile Amongst The Ruins de Primordial ou le doom agressif et sans concession d’Existantial Void Gardian de Conan deux autres albums de 2018 qui ne rencontrent pas le même succès commercial mais qui par-delà leurs différences comblent de joies nos oreilles.
R.V.