pETIT pRécis de Country
à l'intention de ceux qui pensent
que cette musique est merdique
Où l'on se fixe la noble et impossible mission de faire aimer la country aux masses françaises
La country music est un des genres musicaux états-uniens les plus mal aimés en France. Pourquoi la musique la plus populaire des Etats-Unis est-elle victime d’un tel désamour dans l’Hexagone ? En voilà une question que peu de gens se posent mais à laquelle la Malle aux Merveilles va quand même tenter de répondre. On préfère vous dire pourquoi cela serait une bonne idée, pour des personnes curieuses et à l'esprit ouvert, d’écouter de la country music.
Notre sélection d'album country :
Billie Joe + Norah Foreverly
Cyndi Lauper Detour
Merle Haggard Roots Volume 1
Mike Ness Under The Influences
Steve Earle & The Dukes So You Wannabe An Outlaw
The Louvin Brothers Satan Is Real / Handpicked Songs
Billie Joe + Norah Foreverly
Cyndi Lauper Detour
Merle Haggard Roots Volume 1
Mike Ness Under The Influences
Steve Earle & The Dukes So You Wannabe An Outlaw
The Louvin Brothers Satan Is Real / Handpicked Songs
La country music ce n’est pas ce que vous croyez
Si l’on met de côté les inévitables bouses (tout n’est pas bon dans le rock, le jazz peut être soporifique et Wagner c’est parfois un peu longuet…) la musique country est l’une des plus belles musiques à être né aux Etats-Unis.
Les chansons à tomber sont légion et à côté des thèmes attendus (les bars, l’alcool, les jours passés sur la route et la tristesse du celui/celle qui est abandonné) il y a des thèmes moins attendus comme l’exode rural (dans Streets of Baltimore), la pauvreté des petits blancs qui vivent dans la misère (Coat of Many Colors et une grande partie du répertoire de Dolly Parton) et qui doivent parfois traverser le pays pour refaire leur vie ailleurs (California Cotton Fields, sur les camps de travail où s’entassaient les Okies en Californie).
La country a permis à des auteurs de traiter de sujets qui tracassaient une grande partie de la population des États-Unis et ses chansons sont autant de révélateur de l’esprit du pays. Dans sa chanson The Cave de Johnny Paycheck c’est l’apocalypse nucléaire qui nous est raconté au travers d’un rêve, George Jones dans White Lightning nous livre un aperçu de la vie de l’Amérique rurale au travers la distillation clandestine d’alcool dans les collines du Vieux Sud. Cette chanson comme d’autre témoigne aussi de l’humour dont savent faire preuve les gens de la country.
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Hank Williams, LA figure la plus mythique de cette musique, possédait un humour féroce et un sens de la formule qui lui permettait dans ses chansons de glisser des aphorismes du genre « Je ne quitterai jamais ce monde vivant » ou bien encore « Je voulais me jeter dans la rivière mais elle était à sec » Cet humour désespéré et sans concession on le retrouve dans une chanson de Johnny Paycheck, (Like Me) You’ll Recover in Time, raconte à la première personne les retrouvailles d’un homme et de son ex dans ce que l’on imagine être un établissement psychiatrique pour soigner les grosses dépressions, l’homme rassure la femme qui vient d’être larguée en l’assurant que comme lui avec le temps elle guérira.
Johnny Paycheck dans Shériff fais-moi peur, en 1981. Il interprète son tube de 1977 Take This Job and Shove It (ce qui donne "Prend ce travail et carre-le toi..." dans la langue de Molière)
La country music
c’est cool
Vous ne me croyez pas. Pourtant Norah Jones a son groupe de reprise country, les Little Willies et leur version de Jolene jouée très lentement vaut bien l’originale de Dolly Parton. Bien sûr dans son cas on parle d’« alternative country » met ça ne trompe personne dés lors qu’on chante du Hank Williams et du Willie Nelson ou que l’on reprend Fist City de Loretta Lynn ou Diesel Smoke la chanson sur les périls des routes sinueuses quand on est au volant d’un poids lourd !
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Une autre preuve ? Bien. Le vieux Johnny Cash que tout le monde a aimé dans le rôle du patriarche, du vieux chanteur au baryton d’outre-tombe, du mourrant qui enregistre jusqu'au bout de quoi sortire un album posthume et même plus qui sait ? C’est un chanteur de country.
Ce que Cash chante aux prisonniers de Folsom, ce qu’il joue aux détenus de San Quentin c’est de la country, de la country pour rire (A Boy Named Sue, Flushed from The Bathroom of Your Heart), de la country gospel pour apaiser les âmes (He Turned The Water into Wine, Greystone Chapel) de la country qui tire vers le folk (The Long Black Veil, Wreck of The Old '97 …) mais peu importe le vieux Johnny c’est la country avec une attitude rebelle et rock.
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Et les Rolling Stones d'où leur est venu l'inspiration pour des morceaux comme Country Honk (sur Let It Bleed 1969), Wild Horses (Sticky Fingers 1971) ou Dead Flowers (Exile on Main Street 1973) ? Du rhythm and blues chicagoan ? Non de la country par l'entremise de Gram Parsons, une figure tragique qui mourrut à 26 ans. La carrière de Parsons, contrariée par sa toxicomanie, laisse un goût d'inachevé mais il aura eu le temps de bâtir des ponts entre le rock et la country.
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Et que jouent les vétérans de la scène punk de Los Angeles quand ils n’ont pas donné dans le hardcore ? Exene Cervenka et John Doe, meneurs de X le plus prodigieux des groupes punks de la première génération de la cité des anges, et leur batteur DJ Bonebrake animent aussi depuis 1982 le groupe The Knitters dédié à la country. Autre figure du punk du sud de la Californien Mike Ness, l’âme de Social Distortion, injecte dès 1986 une dose d’esprit country dans son album mais le coming out sur disque attendra le suivant, nommé Social Distortion comme le groupe. Là Mike Ness et son gang reprennent Ring of Fire de Johnny Cash et maintienne un esprit country pioché dans la tradition honky tonk (les chansons des bars, des alcools forts et des peines de cœurs qui ne passent pas) et le Barkesfield sound, la country californienne patentée pare les fils des Okies et des Texans venus se bruler au soleil de la Californie. En 1999 avec Under The Influnces, Mike Ness en solo livre une sélection de morceaux rockabilly et country jouer dans un esprit très années 50-60 mais avec une énergie et une hargne punk. Aux reprises le chanteur-guitariste-auteur-compositeur ajoute Ball and Chain une composition personnelle déjà présente sur l'album Social Distortion. Cette fois le morceau assume son ascendance honky tonk à grand coup de lap steel guitare.
Une dernière preuve de la coolitude totale de la country music, il y a une radio dédiée au genre dans le jeu GTA V et c’est une chanson, Are you sure Hank done it this way ?, de Waylon Jennings qui servait d’accompagnement au trailer du jeu dédié à Trevor.
lE MIEUX C'EST d'écouter
Si après tant de si bons arguments et des exemples aussi édifiants vous n’êtes toujours pas convaincus que la country est une musique belle et intéressante jetez une oreille à cette sélection, il n’y a que du bon.