HOLLIE COOK
VESSEL OF LOVE
Un océan tropical d'amour
En 2018 la britannique Hollie Cook sort son troisième album et c'est un bijou de reggae au féminin enjôleur et furieusement contemporain.
Hollie Cook a opéré quelque changement depuis sa dernière livraison, Twice en 2014, elle a changé de maison de disque et de producteur pour cet album c'est Youth (Killing Joke) qui s'occupe de la production. Autre nouveauté elle a fait venir en studio les ex bassiste, Jah Wobble, et guitariste, Keith Levene, de PIL réunis sur le morceau Stay Alive.
Vessel of Love est une nouvelle belle démonstration des capacités de la chanteuse à enregistrer des albums résolument reggaes et parfaitement décomplexer. En matière de décomplexion on pense à des détails comme la guitare slide qui ouvre le morceau Survive un instrument qui n'est pas des plus usités dans le reggae.
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On pense aussi au lover rock à l'anglaise devant ses chansons sentimentales chanter d'une voix douce, presque murmurée par moment, et un peu voilé. L'effet produit par l'empilement de la voix d'Hollie Cook sur les couches d'instrumentation (la rythmique solide, les lignes de guitare basse plus profondes que le Grand canyon, les parties de claviers et les gargouillis électroniques...) font comme un édredon moelleux dans lequel il est bon de se lover. L'album est charmant du début à la fin tant il ne mégotte pas sur ce qui fait que l'on aime le reggae, oui la basse bien grasse est là et bien là et avec la batterie elle confère à chaque morceau un groove nonchalant autant qu'entêtant. Hollie Cook ne chante pas le rastafarisme, non, ce qu'elle chante est mille fois plus universel, c'est d'amour et de désamour dont parle ces chansons. De rupture et d'absence aussi. Franchement de quoi d'autre peu bien parler un album titré Vessel of Love ?
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L'écriture pop d'Hollie Cook en ajoute encore à la qualité de la musique de l'album. Ces chansons y gagnent une évidence qui leur confère une douce familiarité. Dès la première écoute on a la sensation d'avoir toujours connu ces vignettes qui sont autant de cartes postales d'un pays ou tout n'est que luxe calme et volupté.
Les mânes des grands anciens sont invoqués avec art et sont moins des clins d'œil pédants que des fantômes venus servir les 10 morceaux de cet album. Le mélodica sur Ghostly Fading fait immanquablement revenir parmi nous Augustus Pablo alors que certaines ambiances et arrangements (l'usage des cuivres ou des synthétiseurs) convie le souvenir des Specials dernière période celle de leur chef-d'œuvre More Special et du single Ghost Town.
Que vous aimiez le reggae ou simplement le genre de musique qui fait du bien alors n'hésitez pas et embarquez à bord de ce navire de l'amour. Chaque titre de cet album est un hommage frais et séduisant au reggae anglais dans toute sa singularité et la façon qu'il a d'aller voir ailleurs.
R.V.