Happy Halloween !
Monster Mash est incontournable pour un bon Halloween de série B et pour le reste de l’année c’est un drôle d’album rock’n’roll
Est-ce bien sérieux que tout ça ? La réponse est non et c’est pour ça que c’est bon. En 1962 John Zacherle (1918-2016) publiait Monster Mash et Scary Tales deux albums gorgés de novelty songs, dans un esprit très années 60 avant que la British invasion, dans la brèche ouverte par les Beatles, ne vienne rebattre les cartes du paysage musical de l’autre côté de l’Atlantique. Et là deux questions se posent. Primo c’est qui John Zacherle ? Secundo c’est quoi des novelty songs ?
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John Zacherle fut un animateur télé, l’hôte d’une poignée d’émissions diffusées à Philadelphie puis à New York dans lesquels il lançait le film d’horreur de la soirée à grand renfort de sketchs. Un équivalent masculin et côte Est à Vampira, qui elle à notre connaissance n’a jamais posé sa voix sur aucun enregistrement à caractère musical. Est-ce parce qu’il travaillait pour la même chaîne que Dick Clark l’animateur d’American Bandstand, une émission musicale alors très populaire, qu’il fit de la chanson pour rire avec en 1958 un certain succès pour le 45 tours Igor/Dinner With Drac ? Quant à savoir ce qu’est une novelty song, laissons momentanément la chanson qui donne son titre à l’album, pour nous pencher sur Let’s Twist Again (Mummy Time Is Here) un démarquage du tube de l’année 1961 chanté par Chubby Checker qui invite à tordre (twist) une momie pour en récupérer le jus. La chanson qui lança le twist se trouve ici détournée dans un esprit qui évoque l’humour de la famille Adams. John Zacherle ne chante pas dans la même catégorie que Chubby Checker, on ne fera pas ce genre de comparaison qui serait injuste. Zacherle joue la comédie plus qu’il ne chante et c’est de ça dont il est question quand on parle de novelty song.
Monster Mash et Scary Tales sont deux albums rock’n’roll qui moquent gentiment les danses de l’époque, le twist mais aussi le watusi (le bien nommé Weird Watusi) ou le limbo occasion d’un calypso (Limb From Limbo Rock). La chanson titre Monster Mash est un clin d’œil au mashed potato, une autre danse de ce début des années 60 popularisée en France par nul autre que Johnny Halliday. Il y a aussi une chanson country, I’m The Ghoul From Wolverton Mountain sur un voyage en montagne, avec yodel, qui ne se termine pas bien pour tout le monde. Monster Mash et Scary Tales sont des disques comiques où en toute décontraction on parodie l’air folk Oh My Darling, Clementine, où l’on se vautre dans des jeux de mots macabres et où l’on ne recule pas devant de chouettes bruitages pour l’ambiance.
Les chansons sont amusantes, c’est bien la moindre des choses, mais aussi efficaces dans ce qu’elles ont d’entraînants (l’usage de rythmes qui rappellent la surf music ou le diddley beat de Monster Monkey). C’est la face amusante de Halloween qui est ici mise en avant. Légers ces enregistrements évoquent çà et là le easy listening (ces chœurs féminins éthérés…) ou un jazz très cool et souvent cela ne manque pas de groove, A-Tisket, A‑Casket. Ces deux albums sont parfaitement dispensables mais leur écoute est un bon antidote à l’esprit de sérieux, à la morosité et aussi un petit échappatoire aux pesanteurs du quotidien. Et quand on approche de Halloween, que le jour diminue, que la météo se fait plus grise et le temps pluvieux Monster Mash et Scary Tales sont aussi agréables pour les oreilles qu’un feu dans la cheminé l’est pour les yeux.
R.V.