fantasy
Un autre monde
est possible
Notre sélection est un panorama non exhaustif de films qui illustrent ce que la fantasy au cinéma a à offrir de meilleur et aussi parfois, hélas, pourquoi cela ne fonctionne pas. Mais comme nous ne sommes pas masochistes il y a là plus de bons films que de mauvais dans cette liste.
Conan le barbare
Excalibur (Chronique à venir)
Kalidor, le talisman
Ladyhawke
Le choc des titans (Chronique à venir)
Le septième voyage de Sinbad
Willow
Conan le barbare
Excalibur (Chronique à venir)
Kalidor, le talisman
Ladyhawke
Le choc des titans (Chronique à venir)
Le septième voyage de Sinbad
Willow
Quelques considérations sur la fantasy au cinéma et pourquoi il semble que cela n’a jamais été simple.
Par cinéma de fantasy, et pour ne pas se perdre dans le difficile jeu des classifications, nous ne retenons que les films qui se déroulent dans un monde où le merveilleux et le fantastique sont du domaine du possible. Même si Willow Ufgood, au début de son aventure, n’a pas de pouvoir magique et même si celle-ci n’est pas très présente dans son village, il ne vit pas moins dans un monde où elle existe, où elle est réelle pas comme dans notre réalité à vous et à moi. La fantasy transporte le spectateur dans un univers où même lorsqu’elle est rare la magie existe et ne pose pas question. Dans notre monde réel la plupart des humains passent leur vie sans croiser le moindre milliardaire et pourtant ceux-ci existent, dans la fantasy il en va de même on peut passer sa vie sans rien voir d’extraordinaire et pourtant les orcs, les sorcières et les mages existent. Dans la Terre du Milieu créée J.R.R. Tolkien, les semi-hommes se font fort de soigneusement se tenir à l’écart de toutes ces choses bien réelles mais dérangeantes qui pourraient perturber la quiétude et le bon ordonnancement de la Comté, ce superbe isolement n’empêche pas la magie d’être présente et active dès que les Hobbits quittent leur pays. Cette réalité de la magie requiert une plus ou moins forte suspension de la crédulité du spectateur. Dans Le Hobbit, pour rester dans l’œuvre de Tolkien, nul n’a besoin de savoir comment il est possible pour un dragon de voler ou comment il fait pour cracher du feu, la seule présence de Smaug suffit à le faire exister.
La distinction entre le fantastique et la fantasy passe précisément par le statut que l’un et l’autre réserve au merveilleux. Dans le fantastique l’apparition du merveilleux est un scandale, c’est un changement dans la réalité et un choc pour ceux qui y sont soumis. D’où la difficulté à nommer ce à quoi on assiste, Lovecraft joue beaucoup sur l’indicible et ces protagonistes sont sans cesse guettés par la folie. Pour en revenir au cinéma dans La Féline de Jacques Tourneur, le réalisateur se garde de montrer la transformation de Simone Simon en félin, d’ailleurs il n’est pas impossible que de gros chat il n’y en ait point et que la malheureuse héroïne souffre moins d’une malédiction ancestrale que de problème psychologique. Le fantastique se satisfait de budget riquiqui. La fantasy au contraire rend naturel le surnaturel, il n’y a rien d’étonnant à dompter des chevaux ailés (Le Choc des Titans, l’original de 1981 pas le très vilain remake), à croiser de puissants magiciens qui font et défont les rois (Excalibur), à affronter des créatures prodigieuses et à craindre le feu des dragons toutes choses qui ne se présentent pas au quotidien des hommes d’hier comme d’aujourd’hui.
Ceci posé il n’est pas pour autant simple de déterminer ce qui ressort de la fantasy de ce qui pourrait appartenir au péplum, au film historique ou bien encore au film d’aventure - la magie et le surnaturel ne sont pas absents des aventures d’Indiana Jones. Cette difficulté tient peut-être à ce que la fantasy est moins un genre à proprement parler comme le roman noir qui a donné le film noir ou le western qu’une sensibilité ou un décors. Même sans son dénouement fantastique, le terrible sort qui frappe les nazis qui profanent l’Arche d’alliance, Les Aventuriers de l’arche perdue serait un film d’aventure trépidant et enlevé. L’intervention du surnaturel apporte une dose de mystère et accrédite la nature divine de l’objet tant convoité mais son absence ne nuirait pas gravement au film, bien qu’elle en altérerait surement la portée quasi-mythologique. Ôtons le surnaturel magique d’Harry Potter et nous avons un film sur la maltraitance enfantine.
Pour reprendre le cas du péplum on peut diviser ces films en trois types. Il y a ceux qui relèvent du film historique antiquisant, ceux qui mettent en image la Bible ou se déroulent dans un univers judéo-chrétien (Ben Hur) et ceux qui s’emparent de la mythologie gréco-latine. Pour ces deux dernières catégories le merveilleux, qu’il s’agisse des miracles divins ou des héros mythologiques, échappent clairement au réalisme d’un film comme La Chute de l’Empire romain qui met en scène des personnages historiques même s’il le fait en prenant de grandes libertés avec l’histoire académique. Si on classe rarement, sans doute pour des questions religieuses, Les Dix commandements parmi les films de fantasy alors que Moïse possède un bâton comme le premier Gandalf venu, des films comme Jason et les Argonautes et Le Choc des Titans semblent tout indiqués pour être tenus pour de beaux représentants de ce genre à cheval entre le merveilleux et l’aventure antique.
La fantasy est présente dès que le cinéma porte à l’écran des contes comme La Belle et la Bête de Jean Cocteau, de Christophe Gans ou bien encore de Disney ou ceux des Mille et une nuit (Le septième voyage de Sinbad) et elle réapparaît dans les œuvres qui mettent sur pellicule l’ancienne matière de Bretagne avec son légendaire roi Arthur, sa reine Guenièvre, les fées Viviane et Morgane et les preux chevaliers de la Table ronde (Excalibur de John Boorman). Peu importe le décor et le lieu, le Pays d’Oz ou le monde de Narnya. Peu importe aussi l’époque et qu’elle soit réelle et ancrée dans notre histoire avec une prédilection pour l’antiquité ou le moyen-âge (on pense à Ladyhawke) ou des âges si anciens qu’on en a perdu le souvenir comme pour Conan le Barbare et l’âge hyborien fruit de l'imagination de Robert E. Howard.
Malgré la richesse et la variété du corpus ainsi que de l’énorme potentiel de ce genre de film, la fantasy dans le septième art laisse comme un petit goût amer tant l’union entre le deux paraît contrariée. Au cinéma la fantasy ne va pas de soi et ce en dépit de l’énorme potentiel visuel du septième art qui peut apporter sa puissance d’incarnation à des univers qui ne demandent que ça. Si certains choix de Peter Jackson pour ses adaptations du Seigneur des anneaux ou du Hobbit n’ont pas convaincu tout le monde, la direction artistique fait quasiment l’unanimité que ce soit au niveau des décors, des costumes…, les films de Peter Jackson sont beaux et offrent de superbes illustrations de la Terre du Milieu qui habitent le spectateur. Il est difficile de trouver une période au cours de laquelle ce serait développé une cinématographie de fantasy à la fois riche qui concilierait le quantitatif et le qualitatif. Il y a eu d’importants courants autour du fantastique et de l’horreur (avec pour ouvrir le bal les films de monstres de la Universal, qui donneront lieu à une série de suites), le western fut aussi un pilier du cinéma hollywoodien durant les années qui suivirent la Seconde guerre mondiale et jusqu’à l’orée des années 70, quant aux films noirs il suit les évolutions de la société américaine de la glorification du gangster, c’était du moins la perception des ligues de vertu, jusqu’à l’exaltation des G-Men en passant par ces femmes fatales qui n’ont pas leurs pareilles pour pousser les hommes dans le crime. La fantasy au cinéma est comme l'or, elle est assez fréquente pour qu'on puisse en trouver en abondance si on se donne la peine de la chercher mais dans l'ensemble elle est assez rare pour que chaque réussite du genre soit tenue dans la plus haute estime.
R.V.