soleil noir
Le deuxième album de Lucifer, sobrement titré Lucifer II, voit le groupe, après quelque changement de personnel, s’éloigner du doom pour aller vers des cieux moins sombres.
En fermant les yeux on s’y croirait presque… Oui, vraiment. On s’y croirait dans ces mirifiques années 70 et c’est bien un peu pour ça qu’on écoute du doom, du stoner ou n’importe quel groupe contemporain évoquant le hard rock et le heavy metal de ses années-là. Il y aurait des pages et des pages à noircir sur ce goût pour les années 70 mais comme je suis flémard… Nous voici devant la deuxième livraison de Lucifer le groupe mené par la blonde chanteuse Joahana Sadonis et son compagnon batteur et guitariste le cultissime Suédois Nicke Andersson (The Hellacopters, Entombed... l'homme n'a pas chômé au cour des vingt-cinq dernières années) qui dès sa pochette ne fait pas mystère de son amour pour les années 70.
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Les neuf chansons de ce deuxième album sont autant de chants d’amour à la guitare électrique, à la saturation, aux basses profondes et à la lourdeur en musique. Bien sûr il y a du Black Sabbath dans la musique de Lucifer mais pas seulement. Citer le groupe d’Ozzy Osbourne et Tommy Iommi, comme on le voit partout sur internet, est une paresse qui ne rend pas justice au fait que Lucifer est très différent du quatuor de Birmingham. Même si elles font parfois référence à l’occultisme, les chansons de ce Lucifer II sont solaires. L’album s’ouvre avec "California Son" (une cavalcade qui n’est pas sans faire penser à Deep Purple) et c’est bien vers le Golden State que le groupe regarde. La Californie de rêve plutôt que les Midlands industriels, la terre d’origine de Black Sabbath. Et que la Californie est belle dans les rêves d’une chanteuse qui est née en R.D.A.
Le groupe alterne titres rapides et mid-tempo déchirants à commencer par "Dreamer", le deuxième morceau, beau comme une balade rock du temps jadis avec ces guitares lancinantes et dont les aigües foncent vers les étoiles. "Phoenix" convoque The Blue Öyster Cult, dans son riff joué à deux guitares (une pour chaque oreille), et The Stooges, période Raw Power, pour se piano marteler sur une note. Pour varier les plaisirs "Dancing With Mr D.", emprunté aux Rolling Stones, déploie un groove féroce entre blues (avec slide guitar) et chœur soul démoniaque. Cette reprise surpasse la version originale.
Autres temps fort, le très beau "Before The Sun", une chanson majestueuse, "Aton" avec ses riffs féroces et ses giclées d’orgues maigres touches de sacré au milieu de la bacchanale électrique. Lucifer II s’achève en beauté avec "Faux Pharaoh", nouvelle évocation de l’Egypte ancienne avec cette fois la cauchemardesque descente dans quelque tombe hantée. Un titre dense sur la vanité de la vie et le grand mystère de la mort.
Sur ce magma de guitares électriques et de guitares basses en fusion la voix de Johanna Sadonis surfe impériale. Elle est la grande prêtresse d’une musique forte en émotions qui ne sent pas la naphtaline un tour de force tant le groupe de par sa musique et son esthétique s’ancre dans les années 70. Lucifer est un groupe d’aujourd’hui qui joue une musique d’aujourd’hui et qui a enregistré un deuxième album sans rien à jeter qui, espérons-le, augurera d’un bel avenir.
Que l’ange déchu veille avec amour sur ses beaux rejetons.
R.V.