les métamorphoses
Ladyhawke à la saveur d’un conte, ses enjeux sont clairs, il y a d’un côté les méchants et de l’autre les bons. Un conte, donc avec son lot de merveilleux, d’aventures et de romance dans un Moyen-âge de rêve.
Réalisation : Richard Donner
Scénario : Edward Khmara, Michael Thomas, David Webb Peoples et Tom Mankiewicz Distribution :
Année : 1985 Synopsis : Philippe Gaston, dit la Souris, est un voleur qui parvient à s’évader de la prison d’Aquila. Poursuivit par les hommes de l’évêque le maître de la ville il croise la route d’un mystérieux chevalier vêtu de noir accompagné par un faucon.
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En 1985 l’acteur néerlandais Rutger Hauer est à l’affiche de deux films aux ambiances médiévales fort dissemblables, La chaire et le sang de Paul Verhoven et Ladyhawke. Le premier est un film qui, même lorsqu’il recourt au merveilleux, offre une peinture réaliste de la brutalité des temps. Le second est une romance avec une noble dame, Isabeau d’Anjou (Michelle Pfeiffer), un noble chevalier Etienne de Navarre (Rutger Hauer) et Philippe Gaston (Matthew Broderick) dit la Souris, voleur évadé des prisons de l’évêque d’Aquila.
Loin des odes païennes, sauvages et brutales des deux joyaux de la fantasy pelliculée des années 80 que sont Conan le Barbare de John Milius (L'aube rouge, la série Rome) ou Excalibur de John Boorman, Ladyhawke se déroule dans un monde christianisé dans lequel Dieu existe et donc aussi les miracles et les malédictions. Le revers de la médaille en est que le film manque de chaire, il est du côté de l’idéal, de l’idéalisme même. L’histoire elle-même, la malédiction qui frappe Isabeau et Etienne empêche toute promiscuité entre le héros et l’héroïne. Ils s’aiment mais ne le montrent pas car le scénario prend bien soin de faire en sorte que ce soit impossible. L’idéal amoureux surpasse la trivialité de la relation physique faisant de Ladyhawke un film étonnamment chaste, mais pas plus que n’importe quel film de superhéros produit par Walt Disney/Marvel.
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Malgré leur différence les trois personnages, bien qu’humains ont tous comme un double animal. Lorsque Philippe Gaston est retrouvé par les gardes de l’évêque le jeu de Matthew Broderick comme la réalisation de Richard Donner (le Superman de 1978, L'arme fatale) donne vraiment l’impression que les hommes d’armes essaient d’attraper une souris. C’est d’ailleurs sa faciliter à se faufiler dans des endroits exigus qui permet au voleur de s’évader de la prison dans laquelle il était retenu. Cette manière de double animal relie les trois protagonistes principaux et rendrait presque évidente leur collaboration pour défaire le très méchant évêque d’Aquila.
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Richard Donner filme de beaux morceaux de bravoure comme le combat de chevaliers dans la cathédrale. Avec cette scène on retrouve avec joie les duels à l’épée des grands films médiévaux de jadis (Ivanhoé) tout en en actualisant la syntaxe filmique grâce notamment à l’usage du ralenti dont on sait l'efficacité pour accroître la force des scènes de combat depuis au moins La Horde sauvage de Peckinpah. Le film n’est certes pas parfait, certains costumes, notamment ceux des soldats de l’évêque, ne sont pas complètement satisfaisants, les effets spéciaux ont vieilli (c’est leur vice inhérent, aux effets spéciaux) et la B.O. au synthé d’Alan Parsons peut laisser dubitatif quiconque ne goute guère le prog rock.
R.V.