Voitures vampires
& autres monstruosités
Le monde de Blood Drive est un cauchemar dystopique et coloré hommage amoureux mais pas servile au cinéma d’exploitation des années 70 et 80 ainsi qu’à une certaine esthétique bande dessinée
Blood Drive qui n’a duré qu’une saison est une série bien de notre époque. Sur un fond de sauce post-apocalyptique, ou comme le premier Mad Max (1979) juste avant le grand effondrement de la civilisation, se dégage un fort fumet méta (la série a pour cadre une émission de téléréalité dégénérée) et une base ironique qui n’épargne surtout pas ses personnages principaux. Blood Drive a pour cadre un monde rétro-futuriste (l’action se passe dans un 1999 qui n’est pas le nôtre) un monde justifié par les multiples clins d’œil au cinéma d’exploitation et de genre (S.F., horreur…) des années 70 et 80, époque où, rappelons-le pour les plus jeunes, l’an 2000 était un horizon aussi bien attendu que craint. Les références se multiplient la série de films Mad Max est partout mais aussi La course à la mort de l’an 2000 (avec sa traversé meurtrière des Etats-Unis pour l’amusement des masses) ou encore le New York 1999 de John Carpenter, le dernier épisode se passe dans la Grosse pomme. Notre époque aime le jeu des citations, les clins d’œil complices entre initiés et les commentaires sur la pop culture. Si Blood Drive n’était que ça ce serait peut-être amusant mais pas complétement satisfaisant.
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Plus qu’une juxtaposition stérile d’emprunts au passé Blood Drive est une série de science-fiction gore qui ne néglige pas de bâtir des personnages parfois attachants et le plus souvent intriguants. Il n’y a pas vraiment de gentils, sauf Barbie (le dernier flic honnête dans un monde pourri), mais en revanche un beau ramassis de psychopathes assassins, ce qui n’est pas surprenant quand on se lance dans une course automobile dont les véhicules fonctionnent au sang humain. Tous les personnages ne sont pas d’une complexité folle, certains ne sont que des antagonistes qui ne sont pas vraiment creusés mais d’autres ont le droit à un développement plus poussé comme ce couple de tueurs de la lune de miel en pleine crise conjugale qui espère renouer en route les fils de leur union. Il y a quelque chose d’affreusement mignon à les voir tenter de raviver la flamme de leur amour. C’est drôle, pour peu qu’on aime l’humour noir, et émouvant si on est assez fleur bleu pour oublier que ce sont deux tueurs en série.
Autre trouvaille le robot Aki, Marama Corlett (un tout petit rôle mais important pour l’intrigue dans Les gardiens de la galaxie), ses multiples versions lui donnent un côté ubiquitaire dérangeant. Elle apparaît d’abord dans l’uniforme d’un agent de Contracrime, l’entreprise qui s’est substituée aux LAPD, avant de la découvrir en robot sexuel, collectrice aux méthodes invasives de fluides et de matières corporelles… L’une des Aki finira par devenir (redevenir ?) humaine mais autant vous laisser la surprise. Ces personnages secondaires, et ceux omis, donnent de la chaire à la série, ils plantent le décors d’un monde déréglé, violent et impitoyable, d’une société qui s’effondre dans le crime et dont l’extrême noirceur n’épargne personne pas même les personnages à l’air innocent ou ceux qui veulent encore bien faire.
Blood Drive repause sur trois personnages principaux, le policier Arthur Bailey, dit Barbie, (Arthur Richardson) embarqué malgré-lui dans la Blood Drive au côté de Grace D’Argento (Christina Ochoa), une conductrice sans scrupule motivée par l’argent qu’elle gagnera si elle s’impose dans la course. Grace est moins vénale qu’on pourrait le croire, elle aura même une simili rédemption suivant un parcours croisé avec celui d’Arthur, qui lui finira par se vautrer dans la violence la plus complaisante avant de se racheter. La troisième pièce de ce trio d’enfer, Julian Slink (Colin Cunningham, Preacher), est le plus beau personnage véritablement démoniaque vu dans une série. Tout en lui est à la fois fascinant et repoussant. Sophistiqué et hideux. Julian Slink est de ces personnages qu’on aime détester. Son statut ambigu, ni tout à fait un ennemi, ni un véritable allié des héros, Arthur et Grace, fait de Slink un personnage plus intéressant que le banal méchant unidimensionnel. Il est pour Grace et Arthur le Maître de Cérémonie de la Blood Drive celui qui , dans la plus pure tradition de la figure de Satan est à la fois l’adversaire mais aussi celui qui teste. Car le vrai antagoniste pour Grace et Arthur c’est Heart, la société omniprésente, polymorphe et tentaculaire qui est derrière la Blood Drive mais aussi derrière Contracrime et toutes sortes de catastrophes qui ont ravagé les Etats-Unis (le Monde ?).
Blood Drive repause sur trois personnages principaux, le policier Arthur Bailey, dit Barbie, (Arthur Richardson) embarqué malgré-lui dans la Blood Drive au côté de Grace D’Argento (Christina Ochoa), une conductrice sans scrupule motivée par l’argent qu’elle gagnera si elle s’impose dans la course. Grace est moins vénale qu’on pourrait le croire, elle aura même une simili rédemption suivant un parcours croisé avec celui d’Arthur, qui lui finira par se vautrer dans la violence la plus complaisante avant de se racheter. La troisième pièce de ce trio d’enfer, Julian Slink (Colin Cunningham, Preacher), est le plus beau personnage véritablement démoniaque vu dans une série. Tout en lui est à la fois fascinant et repoussant. Sophistiqué et hideux. Julian Slink est de ces personnages qu’on aime détester. Son statut ambigu, ni tout à fait un ennemi, ni un véritable allié des héros, Arthur et Grace, fait de Slink un personnage plus intéressant que le banal méchant unidimensionnel. Il est pour Grace et Arthur le Maître de Cérémonie de la Blood Drive celui qui , dans la plus pure tradition de la figure de Satan est à la fois l’adversaire mais aussi celui qui teste. Car le vrai antagoniste pour Grace et Arthur c’est Heart, la société omniprésente, polymorphe et tentaculaire qui est derrière la Blood Drive mais aussi derrière Contracrime et toutes sortes de catastrophes qui ont ravagé les Etats-Unis (le Monde ?).
Excessive Blood Drive c’est une virée dans un monde cauchemardesque rendu fou par une faille qui a coupé en deux les Etats-Unis, à moins que ce ne soit la corruption généralisée d’un monde livré à l’insatiable appétit de la société Heart. La raison importe peu. En chemin Grace et Arthur croisent des amazones qui traient les hommes pour leur sperme, un shérif aux méthodes expéditives, toutes sortes de mutants ou bien encore une petite ville rendue plus belle par un gaz vert nauséabond. Ils feront aussi halte dans un diner dont les propriétaires ont appris à se débrouiller malgré la pénurie d’animaux de boucheries et dans un hôpital psychiatrique où des patients privés de médicaments mais pas de sucrerie ont pris le pouvoir. Blood Drive c’est une aventure picaresque débridée dans un monde où l’on est content de ne pas vivre tant la vie humaine y est si peu précieuse.
Le charme ultime de Blood Drive réside dans son esthétique bande dessinée, cette façon qu’ont les comics de styliser les personnages avec un détail qui le rend reconnaissable. La sucette de Grace, l’uniforme d’Arthur, le haut-de-forme de Slink, le bonnet d’aviateur du technicien, les yeux d’Aki… Blood Drive est une réussite visuelle qu’on a envie de rapprocher du film Bounty Killer, lui aussi situé dans un monde où la civilisation s’est effondrée, tant les deux productions sont riches visuellement.
Drôle, criard, noire et féroce la série ne connaîtra qu’une seule saison mais ira au terme de son unique saison qui a le temps de clore son intrigue. La faiblesse des audiences a dicté la décision de SyFy d’interrompre la série après une saison. Nous pensons que Blood Drive méritait mieux que cette unique saison mais grâce à l’éditeur Elephants Films vous pouvez vous procurer pour une somme raisonnable l’intégral (DVD et Blu-Ray) d’une série qui n’a pas eu le temps de devenir décevante.
R.V.