lES BEAUX NOÊLS CALIFORNIENS
Où l’on parle de l’autre grand album de Noël pop des années 60 au côté de celui produit par Phil Spector
Comment chanter Noël quand on est né et qu’on a grandi dans le sud de la Californie cette région du monde où l’hiver est plus que doux ? Pire encore comment le groupe qui plus que tout autre symbolise l'été, un été qui de chanson en chanson ne finit jamais, peut-il chanter sans être ridicule White Christmas ? Les Beach Boys et Noël voilà qui ressemble à un oxymore et pourtant ça marche.
Quand on est les Beach Boys, que les années 60 sont encore jeunes et que l’on est soi-même pas bien vieux, on revampe le Père Noël en mec vraiment cool qui aime les hot rods et plus généralement tout ce que les jeunes Californiens qui ont grandi dans l'opulente société américaine de l'après Seconde Guerre Mondiale aiment sans pour autant complètement tourner le dos à la tradition. Christmas with the Beach Boys, le troisième album du groupe publié en 1964, se fraie un chemin entre ces deux pôles entre modernité et tradition.
Plus que beaucoup les Beach Boys étaient dans ses années pré-Pet Sounds le groupe de l’american way of Life. L’album s’ouvre sur cinq compositions originales qui sont autant de façon d’ancrer Noël dans les années 60, d’offrir une vision moderne des fêtes de fin d’année.
Puis le groupe change son fusil d’épaule et se met à réinterpréter des chansons du patrimoine (We Three Kings, White Christmas, Blue Christmas…) l’album s’achevant sur le très traditionnel Auld Lang Syne (parole du poète Robert Burns 1759-1796), cet air écossais qui est indéniablement une belle façon de conclure un album ou une soirée.
Christmas with the Beach Boys est une réussite car la production délicate et aérée est un bel écrin pour les voix des membres du groupe qu’elles soient en solo où qu’elles se joignent pour ces harmonies qui faisaient la réputation du groupe. Autre surprise les arrangements jazz qui agrémentent certains titres éloignant le quintet des plages californiennes pour le rapprocher des enregistrements doucement swing des crooners qui ont si bien, avant eux, chanté Noël. L’album témoigne d’une sensibilité qui annonce les merveilles à venir.
R.V.