La Dolce Vita
Un songe d’une nuit d’été dont on espère ne jamais se réveiller.
Une ode à la chanson et aux chanteuses italiennes des années 60
Une ode à la chanson et aux chanteuses italiennes des années 60
Ciao Bella ! est la poursuite d’une exploration de la pop et du rock dans des voix féminines entamée en 2004 par Ace records avec la compilation Girls With Guitars. On retrouve ici la même exigence éditoriale et c’est proprement renversant. On en vient à se demander comment on a pu vivre aussi longtemps en ne connaissant rien de ces merveilles. On en regretterait presque le temps perdu.
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Avant ce Ciao Bella ! Italian Girl Singers of The 60’s, je ne connaissais ou si peu de la pop italienne des années 60 guère plus, en fait, que les noms d’Adriano Celentano et de Caterina Caselli, parce qu’un vers de sa chanson Insieme A Te Non Ci Sto Piu a inspiré son titre à Arriverderi amore ciao, le polar très noir réalisé par Michele Soavi. Je me souviens aussi d’un article de Patrick Eudeline lu dans Rock & Folk et qui était une déclaration d’amour aux chanteuses transalpines des années 50 et 60. Pas grand-chose en somme jusqu’à ce que les Britanniques d’Ace records ne sortent cette compilation et ce fut un choc ! Comment rester insensible aux charmes innombrables de ces chansons entre rock’n’roll adapté à la sensibilité italienne et pop anglo-saxonne acclimatée à la variété de la péninsule.
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Enregistrés entre 1963 et 1970 les 24 titres réunis ici sont des ravissements de rock et de pop orchestrale qui n’ont rien à envier à ce qui était enregistré aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni à la même époque. Les chanteuses assurent autant dans le registre énergisant du rock (Rita Pavone Il Geghegè, cette version de Baby Please Don’t Go à la façon Them par une Caterina Caselli qui n’a rien à envier au Nord-Irlandais Van Morrison, Brunetta rockeuse de rêve avec Baluba Shake…) que dans celui lacrymal de la variété sentimentale à grand orchestre ce Credi (Iva Zanicchi), ce L’Apputamento (Ornella Vanoni) et ce Non Ho l’Età (Per Amaretti) qui permit à la toute jeune Gigliola Cinquetti de remporter le concours de l’Eurovision en 1964 sont de splendides représentants du genre.
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Parfois l’ambiance se fait tropicale, La notte È Fatta Rubare murmuré par Catherine Spaak, une actrice et chanteuse Française, nièce du premier ministre Belge et fondateur de la C.E.E. Paul-Henri Spaak. Elle fait aussi des merveilles sur Penso A Te un titre dont les roulements de caisse-claire et la trompette porte la marque d’Ennio Moriconne. Il maestro appose aussi sa griffe sur Se telefonando de Mina lorsque vient la fin du morceau et qu’un chœur féminin chante en ad lib « Tam Tam » et sur Thrilling (La Rigola del Gioco), interprété par Rita Monico où l’on reconnait la guitare dégoulinante de réverb et une fois encore ces chœurs si présents dans les B.O. de Moriconne.
Le compilateur Mick Patrick a assez de goût pour ne commettre aucun faux-pas. Il n’y a pas un titre qui ne soit au moins bon et l’ensemble frôle assez souvent l’excellence. Et non ce n’est pas un mot écrit à la légère. Ces chansons sont d’une grande qualité tant de part l’interprétation des vocalistes mais aussi par le travail des musiciens et ces arrangements orchestraux qui donnent un souffle, une présence à chacun des titres.
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Une belle découverte et un plaisir qu’il est possible de prolongé avec Bellissima ! sur le même label et par le même compilateur.
R.V.