She’s the Boss
La formule Marvel est si bien rodée que même quand le film met en vedette une superhéroïne ça ne change pas grand-chose au résultat final
Synopsis : Vers est une combattante Kree de premier ordre qui appartient à un commando de choc qui mène la vie dure aux Skrulls, des terroristes métamorphes. Les hasards d’une mission la conduiront sur C23, une planète qui ne lui est pas si étrangère.
L’auteur de ces lignes suit de très loin les méandres de l’univers cinématographique Marvel. Le dernier film du MCU qu’il a vu en salle, avant ce Captain Marvel, était le deuxième Antman celui avec Evangeline Lily qui enfile enfin le costume de la guêpe et qui est de fait la vraie figure héroïque du long métrage. Il n’est ni un inconditionnel ni un détracteur des superhéros qui ont colonisé les écrans du monde depuis plus d’une décennie aujourd’hui. Il a lu quelques comics dans ses années de fac mais ignore à peu près tout de Captain Marvel ; pour des raisons générationnelles il a par contre un tendre penchant pour les X-Men, adore Daredevil (il ne se remettra jamais des comics scénarisés par Kevin Smith) ou Hulk, le mal aimé celui qui pâtit le plus d’une image indigne de la profondeur du personnage.
Tuons dès maintenant la surprise, Captain Marvel est un bon film qui se laisse voir, un divertissement plaisant plein de rebondissements avec des scènes d’actions lisibles et un personnage plutôt intéressant dans son évolution, ce dernier point est en soit une bonne raison de voir ce nouveau Marvel. Brie Larson incarne un personnage triple Carol Danvers (le passé)/Vers (le présent)/Captain Marvel (le future). Une héroïne qui a toutes les qualités d’un héros Marvel. Son origin story rappelle vaguement celle de Captain America, on plonge dans le passé d’un personnage que rien ne prépare à l’héroïsme, et pire que tout à qui la société refuse la seule perspective de l’héroïsme, qui se révèle finalement par la force de la volonté et un gros coup de pouce du destin. Captain America était un avorton dont l’armée, pourtant en pleine Seconde guerre mondiale, n’a pas voulu alors que Carole Danvers, la future Captain Marvel, était un super pilote ambiance Top Gun dont la carrière est freinée par son genre.
Il y a du space opera dans Captain Marvel qui rappelle Les gardiens de la galaxie de James Gunn le film qui a quitté la Terre pour proposer une grande aventure spatiale avec vaisseaux et des extra-terrestres partout. La réminiscence est d’autant plus prégnante que les Krees sont au cœur de l’histoire. Et franchement puisque l’auteur de l’article aime donné son avis, sinon il ne perdait pas son temps à maltraiter un clavier d’ordinateur, cette dimension du MCU est peut-être ce qu’il préfère. La science-fiction colorée et qui ne se soucie pas de vraisemblance est sans doute ce qu’il y a de mieux dans l’univers Marvel et ce qui explique que certains font un peu la tronche devant les images ternes auxquels le MCU est accoutumé. C’est idiot mais on aime les vaisseaux spatiaux et l’idée de voyager dans l’espace comme on prend sa voiture, ce rêve très loin d’être accessible à l’humanité.
Qu’ajouter ? Rien en fait si ce n’est, pour la route, que Samuel Lee Jackson est toujours aussi cool, qu’il est amusant de voir un Nick Fury qui découvre qu’il y a dans l’espace pire menace que celle des Soviets qui de toute façon viennent de jeter l’éponge, le film se déroule au milieu des années 90. On sent aussi la délectation de l’acteur à laisser les commandes à Brie Larson/Captain Marvel, on le surprend même mentant sur la portée de ses réalisations quand vient le moment de faire son rapport sur ce dont il a été témoin. Il y a quelque chose de comique et de savoureux à voir le super agent du SHIELD en faire le moins possible.
Pour le reste Captain Marvel est un bon divertissement, moins subversif que ce que d’aucun peuvent le rêver ou le craindre. C’est un film dans l’air du temps jusque dans son féminisme commercial, ce qui n’est pas honteux en soit dans notre société capitaliste, et qui réussit ce pourquoi il a été mis sur le marché, offrir un spectacle distrayant pendant une paire d’heures. Il n’y a rien de honteux à le voir. Ceux qui par contre louperont, parce qu’ils en ont assez des marvelleries, Captain Marvel ne perdront rien de fondamental en faisant l’impasse.
R.V.