l'Horreur au quotidien
Si ce roman ne vous glasse pas le sang avant de vous fendre le cœur
allez consulter un psy !
allez consulter un psy !
Une fille comme les autres est un roman de l’auteur états-unien Jack Ketchum inspiré et adapté d’un fait divers, l’assassinat de Sylvia Likens, survenu à Indianapolis, Indiana, en 1965. Jack qui êtes-vous peut-être en train de vous demander ?
Jack Ketchum n’est pas un auteur très connu en France alors pour le présenter il est possible de dire et d’écrire que Stephen King adore. Hors cette façon de ramener un auteur à un autre est trompeuse car si Stephen King apprécie Jack Ketchum malheur à celui qui lirait ce dernier en espérant trouver un épigone du premier. Il y a bien quelques points communs par exemple ce sont des auteurs qui opèrent dans le vaste champ horrifique et ils ne manquent pas de savoir-faire pour décrire les petites villes des Etats-Unis, cette Amérique rurale et prolétaire pas bien riche mais pas forcément pauvre non plus qui n’attire guère les touristes étrangers. Ces convergences n’empêchent pas de profondes divergences. Dans l’œuvre de Stephen King le mal est réel et tangible il peut donc prendre possession d’êtres humains affaiblis par l’alcool ou bien apparaître sous les traits d’un vendeur de curiosité.
Le King est un auteur de culture chrétienne avec une culture protestante Ketchum lui, dans Une fille comme les autres, fait preuve d’agnosticisme voire d’athéisme car il n’y a pas besoin d’intervention surnaturelle pour placer le mal dans un petit groupe d’individus. Les horreurs du livre ne sont pas l’œuvre d’entités démoniaques ou d’humains corrompus par le Malin mais d’une mère qui élève seule ses trois fils. Le décor et les prémices correspondent assez à une histoire de Stephen King mais Ketchum à sa propre voie (sa propre voix aussi) et ce qu’il fait de l’histoire de ces deux orphelines survivantes d’un accident de la route qui sont recueillies par une parente qu’elles ne connaissent pas n’appartient qu’à lui.
Ce roman qui s’inspire d’un fait divers sordide qui a marqué les Etats-Unis mais que Jack Ketchum transpose dans la deuxième moitié des années 50, le rock’n’roll est la musique nouvelle prisée de la jeunesse, et le relocalise dans le New Jersey. C’est dans son enfance que l’auteur puise pour raconter cette histoire d’enfants et se mettre à la hauteur de son narrateur personnage, David. David nous raconte donc l’arrivée de Meg qui est nous confie David « plus jolie que Natalie Wood » et de sa petite sœur Susan. Toutes deux ont survécu à un terrible accident de la vie qui a couté la vie à leur parent. Si Meg s’en est sortie sans séquelle physique trop visible sa petite sœur elle est sérieusement blessée aux jambes et marche avec difficulté. Les deux orphelines sont confiées à leur tante Ruth une femme qui élève seule ses trois fils Donny et Willie, qui sont nés à une heure d’écart et le petit dernier Ralphie que tous, sauf sa mère, appelle Woofer. C’est petit à petit que ce qui aurait pu être l’histoire d’une romance juvénile, David a le béguin pour la jolie Meg tourne au cauchemar.
Dans un court texte, A propos de l’écriture d’Une fille comme les autres par Jack Ketchum l’auteur précise que ce choix d’un narrateur témoin lui est venu pour résoudre le problème de comment montrer cette horreur qui ne doit rien au surnaturel sans en faire trop en s’épargnant à lui et à son lecture les atrocités qu’eut à endurer la victime du fait divers qui a fondé son inspiration première. David « en voit beaucoup. Mais il ne voit pas tout. » En outre c’est un homme mur qui raconte cet été qu’il ne peut oublier, il parle trente ans après les faits, il sait ce qu’il peut raconter et ce qu’il est bon de taire et Ketchum nous en dévoile assez pour qu’on éprouve de l’empathie pour le calvaire de Susan et de Meg.
|
Tous les enfants qui entourent David ne sont pas des anges mais rien ne serait arrivé sans la bienveillance de Ruth et si elle n’avait pas impulsé les premiers mauvais traitements à Meg. Ce sont ses fils qui infligent les sévices, qui torturent et violent leur cousine mais c’est Ruth, l’adulte, qui en porte toute la responsabilité car après avoir réuni les conditions pour que le pire arrive elle l’encourage et ne fait rien pour y mettre fin.
Meg et Susan ne sont pas pour autant pas caractérisé par leur seule qualité de victimes. Ketchum prend le temps de nous faire aimer ces deux personnages. La petite Susan est un beau personnage de fillette et sa sœur est une adolescente qui a toute la vie devant elle, ce sont deux enfants pleines de vie qui ont survécu à un accident et qui jusqu’au dernier moment se battent pour leur survie.
L’écriture de Jack Ketchum est sèche et sans fioriture, pour autant elle ne donne pas l’impression désagréable quand on a acheté un roman de lire un article de journal. L’empathie au sens le plus fort du terme que l’on éprouve pour Meg est le fruit d’un savant travail, le romancier s’appuie sur le regard de David, ses sentiments y compris dans ce que ceux-ci peuvent avoir d’ambigus et de contradictoires, pour guide notre regard à nous et il ne participe pas aux sévices. Que les scènes les plus effroyables nous soient épargnées, libres aux lecteurs qui les souhaitent de se faire les films qu’ils veulent, permet que la victime, Meg, ne soit pas trop déshumanisée. Enfin les sœurs sont des battantes et elles luttent dans la mesure de leurs faibles moyens pour vivre, le lecteur est de leur côté parce qu’il est du côté de la vie, Ruth elle est du côté de la mort pour ce qu’elle fait subir à ses nièces mais aussi parce qu’elle avait rêvé d’une vie qui n’est pas advenue.
Une fille comme les autres est un roman qui remue son lecteur au plus profond de lui-même, il le marque ce n’est pas un roman agréable qu’on lit et relit pour passer un bon moment. Peut-être même ne le relit-on pas mais IL FAUT LE LIRE AU MOINS UNE FOIS dans sa vie.
Une fille comme les autres est un roman qui remue son lecteur au plus profond de lui-même, il le marque ce n’est pas un roman agréable qu’on lit et relit pour passer un bon moment. Peut-être même ne le relit-on pas mais IL FAUT LE LIRE AU MOINS UNE FOIS dans sa vie.