Vive la revolution
Un western qui met à l’honneur une femme, Raquel Welch en passionaria révolutionnaire, un sheriff Noir, le colossal Jim Brown, à tout pour plaire et en il ya Burt Reynolds !
Titre original : 100 Rifles
Réalisation : Tom Gries Scénario : Tom Gries, Clair Huffaker, d'après le roman The Californio de Robert MacLeod Distribution :
Année : 1969 Synopsis : En 1912 dans l’Etat mexicain de Sonora l’aventurier Joe Herrera doit livrer aux Indiens Yaki révoltés les armes qu’il a acheté avec l’argent d’un braquage de banque. Il est poursuivi par un policier noir, Lyedecker, qui va compliquer la livraison des armes d’autant que le général Verdugo veille au grain et fera tout pour que les armes ne parviennent pas aux rebelles. |
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Si le western U.S. a été quelque peu malmené par le western à l’italienne il reste réactif et garde de son mordant tout au long des années 60. Les cent fusils de Tom Gries est un western zapatiste (ce sous genre du western italien qui prend pour toile de fond la révolution mexicaine) manière de réponse du berger à la bergère. Et le film avec son ton entre cynisme et romantisme révolutionnaire, grande cause et petits arrangements avec la morale ne dépareille pas au milieu des productions italiennes. Il est même le contemporain du film Le Mercenaire de Sergio Corbucci avec Franco Nero et Jack Palance l’un des bijoux de ce sous genre.
La grande différence est que Les cents fusils est un ton en dessous de ses compères italiens dans le registre du burlesque, de la fable surréaliste mais il fait plus fort dans la subversion en offrant un beau rôle à Raquel Welch, celui de Sarita une superbe image de la Révolution et de la lutte contre l’oppression. L’actrice américaine est la personnification de la liberté guidant le peuple de notre cher Delacroix rien de moins. Elle mène Burt Reynolds, Yaqui Joe Herrera un métis voleur et idéaliste, et Jim Brown, Lyedecker le sheriff noir qui vient pour un boulot et trouve une cause, jouant quand nécessaire de l’un contre l’autre.
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La distribution est parfait, outre la sublime Raquel Welch on y découvre un Burt Reynolds qui n’est pas encore le mâle alpha qu’il deviendra dans le cinéma des années 70. Son personnage de braqueur de banque pour la bonne cause, celle des Indiens Yaki, est tout en nuance, sincère il est tout au long du film légèrement en retrait derrière Sarita et Lyedecker venu l’arrêter. Il apporte un peu de légèreté au trio. Jim Brown se taille la part du lion, il est ce qui se rapproche le plus d’une figure héroïque, la preuve il a la fille, ce qui fait de Les 100 fusils l’un des tous premiers à offrir une scène explicite de sexe entre un homme de couleur et une femme blanche. Catapulté général cet ancien soldat du 9e de cavalerie (les buffalo soldiers de la chanson de Bob Marley) conduit l’armée rebelle à la victoire lors d’une série d’escarmouche (attaque de train) et une bataille finale qui résout les enjeux dramatiques du film de la plus belle des manières.
Le long métrage de Tom Gries est de ces films qui dans la veine de ce qu’on appelle le western crépusculaire introduisit dans le genre le sang. Longtemps dans le western la mise à mort est une affaire ritualisée qui exclut l’apparition de rouge à l’écran, ce n’est pas le cas de ce film. Dans Les cent fusils la violence est essentiellement politique elle le fruit de la répression politique ou de la fièvre révolutionnaire. Ici la violence c’est d’abord celle des exécutions sommaires, des pendaisons et des fusillades. On relèvera avec intérêt que le réalisateur utilise parfois le ralenti pour accroître l’effet dramatique de certaines séquence violente, comme dans La horde sauvage de Sam Peckimpah.
R.V.