La guerre c'est pas
du cinéma
Vrai film comique sur le tournage d’un faux film de guerre, Tonnerre sous les tropiques regorge de trouvailles, au niveau de ses personnages comme de ces situations
Titre original : Tropic Thunder
Réalisation : Ben Stiller Scénario : Justin Theroux, Etan Cohen & Ben Stiller Distribution :
Année : 2008 |
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Synopsis : Le tournage de Tropic Thunder, un film à gros budget sur une poignée de soldats pendant la guerre du Viêt-Nam, menace de tourner à la catastrophe lorsque le réalisateur britannique un peu largué entraîne son casting au cœur de la jungle pour donner plus de réalisme au film et tenter de sauver les meubles.
De façon superficielle on pourrait ne voir dans Tonnerre sous les tropiques, réalisé par le sous-estimé Ben Stiller (Zoolander, Les rois du patin, Dodgeball…), qu’une parodie de film sur la guerre du Viêt-Nam et une comédie de mœurs sur Hollywood, en particulier sur le curieux métier d’acteur.
Ces ingrédients sont bien présents. On est tellement dans la guerre du Viêt-Nam telle que montrée par le cinéma d’Hollywood que la B.O. va jusqu’à inclure l’inévitable chanson de Creedence Clearwater Revival, cette fois c’est Run Through The Jungle, la chanson parfaite puisque nos héros devront en effet s’enfoncer dans une forêt qu’ils n’imaginaient pas aussi hostile. Difficile de ne pas penser à ces films de guerre que sont Platoon et Apocalypse Now, ce dernier film est d’autant plus aisément convoqué par notre cerveau que son tournage fut notoirement catastrophique et que Tonnerre sous les tropiques est l’histoire d’un tournage catastrophique. Le film sur la guerre du Viêt-Nam est un sous genre du film de guerre avec ces codes propres ce qui le rend parodiable.
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L’aspect comédie sur le petit monde Hollywood est quant à lui porté par les personnages archétypaux qui sont partout dans Tonnerre sous les tropiques. Des personnages juste assez caricaturaux pour les besoins de la satyre. On y retrouve l’acteur à Oscar qui va très loin pour interpréter ses personnages, c’est Kirk Lazarus (Robert Dawney Jr., en acteur Australien parodiant Russell Crowe), celui qui n’aura pas d’Oscar parce qu’il est coincé dans une franchise de films d’action défraichie et qu’il est trop crédible dans un rôle de crétin (Tugg Speedman, Ben Stiller) ou l’acteur comique pas vraiment raffiné et toxicomane (Jeff Portnoy, Jack Black), un réalisateur Britannique dépassé par ses stars (Steve Coogan 24 hour party people), le producteur tyrannique version stéroïdée des moguls de jadis (Tom Cruise bedonnant et avec calvitie) et on en passe, la distribution est impeccable et chaque personnage réussis à exister à l’écran.
Le film tant à ses personnages d’acteurs un miroir peu flatteur. La paire Dawney Jr. et Stiller décrochant la palme de ce qu’il y a sans doute de pire dans la caricature de l’acteur. Au moins le personnage de Ben Stiller a au moins pour lui d’être gentiment idiot. Ben Stiller s’amuse avec le métier d’acteur, cette profession qui amène un individu à incarner d’autres individus.
Pourtant le cœur du film est ailleurs, il est dans ce fil rouge qui court tout au long de Tonnerre sous les tropiques à savoir la question des faux-semblants, des apparences et du mensonge. On ne s’étendra pas trop sur John « Feuille de trèfle » Tayback (Nick Nolte) mais celui dont le film est censé narrer la vie, d’après le livre qu’il a écrit sur son expérience vietnamienne, n’est pas le moins faux. Le cinéma est évidemment une affaire de simulacre, rien de ce qu’on voit à l’écran ne s’est réellement passé. Ben Stiller a réalisé et co-écrit un long métrage sur l’illusion. Le cinéma est par définition une mise en représentation, rien de ce qui est visible à l’écran n’est sensé être vrai et le cas contraire soulève souvent son lot de polémique. Le cinéma c’est cet art pour lequel des spectateurs vont voir un spectacle qui est faux en espérant que cela fasse vrai.
Dans sa forme Tonnerre sous les tropiques se pare souvent des atours d’un film d’action (fusillades et explosions ne manquent pas). Ben Stiller est un sale gosse qui joue avec de la dynamite. Mauvais esprit, humour noir et scato voire maltraitance infantile (mais pour de faux ce n’est que du cinéma rappelez-vous) n’empêchent pas d’aborder des questions aussi légère que le racisme ; le film fut accompagné d’une polémique idiote autour de la notion de blackface émanent de gens qui n’avaient pas dû voir le film.
Film culte des années 90 Wayne’s World est plus qu’un film sympathique mais qui aurait mal vieilli c’est un petit jalon dans l’histoire de la comédie américaine, rien de moins. Deux ans plus tard une suite déboule dans les salles avec cette fois le majestueux Christopher Walken dans le rôle du salopard séduisant qui essaie de s’interposer entre Wayne et Cassandra. Il n’est pas interdit de penser que Wayne’s World 2 est plus drôle que son prédécesseur.
Tonnerre sous les tropiques est une de ces comédies U.S. comme on les aime et qui nous font rire à chaque fois qu'on les revoit.
R.V.