le funk
Pour cette deuxième saison de Tales From the Tour Bus son créateur Mike Judge revient sur la musique la plus groovy de l’univers le Funk
Après une première saison vouée à certains des grands rebelles de la musique Country cette deuxième saison nous raconte le Funk depuis ses origines jusqu’aux années 80 cette musique s’étant par la suite fondue dans le rap qui a amplement samplé les James Brown, Rick James (MC Hammer !!!) et George Clinton (Parliament, Funkadelic et tout le reste) tous héros d’une saison en contre-pied à celle qui l’a précédée. La série nous fait rentrer dans l’une des musiques les plus noires qui soit après avoir exploré les recoins pas toujours reluisants de le musique qui incarne l’Amérique blanche. Même si des artistes noires, Percy Sledge ou Ray Charles, ont eux aussi enregistré des albums country.
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Le Funk est ici raconté en 8 épisodes qui font la part belle aux deux parrains du genre James Brown - le type qui en saquant son ancien groupe et en embauchant au débotté une bande de gamins de Cincinnati lança toute l’affaire avec son album Sex Machine – et George Clinton – le roi incontesté du P-Funk, le Funk psychédélique et foutraque teinté d’afro-futurisme. L’autre vedette de cette saison n’est autre que Rick James incarnation du Funk des années 80, rival de Prince, qui est là en filigrane, et dont l’histoire tourna au mauvais fait divers.
Une fois encore Mike Judge Presents : Tales From The Tour Bus parle de personnages plus grands que nature sans complaisance ni dans l’éloge ni dans la recherche du glauque. Des êtres humains avec leurs qualités, leurs défauts et leur part de folie. On rigole en entendant certaines anecdotes, on est parfois étonné par d’autres (ces policiers qui apportaient à Rick James leurs saisies de drogues pour pouvoir faire la fête avec l’artiste) on frissonne aussi car cette saison traite de racisme.
Le Funk fut une musique émancipatrice même si elle ne fut pas toujours comprise par les Blancs mais aussi par les Noirs. Dans l’épisode d’ouverture sur George Clinton on apprend qu’au début des années 70 il faisait peur aux gens, surtout aux femmes, parce qu’ils ne souriaient pas. Il y a dans cette histoire des pages et des pages à faire sur le racisme et les stéréotypes concernant l’homme noir. Mais le personnage qui a été le plus en but à l’incompréhension ce n’est pas l’un de ces messieurs mais la seule héroïne de cette saison, celle dont on a attendu l’épisode tout au long de la saison mais qui n’est arrivée qu’à la fin, madame Betty Davis.
La musique de Betty Davis a refait surface notamment grâce à une compilation du label Vampi Soul au début des années 2000 puis grâce au label Light in The Attic qui a réédité ses albums et a même sorti son ultime enregistrement celui qui était resté inédit pendant plus de trente ans. Betty Davis était une belle fille, elle a été modèle. Betty Davis fut l’épouse de Miles Davis, l’union fut brève mais elle fit entrer le trompettiste dans les années 70. Betty Davis fut plus qu’une muse ou un physique plaisant, pendant quelques années elle fut ce qu’il y avait de plus provoquant, de plus incandescent sur scène. Sa voix ne ressemblait à rien de connu à l’époque, elle n’était ni une nouvelle Aretha Franklin ni une autre Diana Ross. La voix de Betty Davis était rauque et gorgée de défiance comme de provocation. La musique produite était à l’avenant, brute, explosive et sensuelle. Des lignes de basses, grasses, énormes et indécentes. La carrière de Betty Davis fut un échec retentissant car la dame était en avance sur son temps. Elle était trop provocante aussi bien pour le public blanc, le groupe Kiss renonça à l’emmener en tournée, que pour le public noir. Elle n’était pas assez convenable pour le mouvement des Droits civiques. Betty Davis est la mère de Madonna et la grand-mère de Nicki Minaj et de toutes les autres.
Cet aspect dessin animé s'il permet aussi de prendre des distances ne déshumanise le propos en faisant de ses personnages de simple cartoon. Grâce à l'animation la série peut montrer ce qui serait pénible à voir autrement. Sincèrement qui a envie de voir un acteur jouer George Jones ivre qui coure arme à la main après une actrice jouant une Tammy Wynette apeurée. Ce choix nous épargne le côté biopic et c'est bien comme ça.
Cette deuxième saison est égale en qualité à la première et nous attendons avec impatience la suite.
R.V.