Rêverie orientaliste
Un classique du cinéma d'aventure et de fantasy des années 50, une féérie en technicolor avec les monstres créés par le grand Ray Harryhausen
Titre original : The 7th Voyage of Sinbad
Réalisation : Nathan Juran Scénario : Ken Kolb (Kenneth Kolb) Distribution :
Année : 1958 |
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Synopsis : Le célèbre marin Sinbad rentre à Bagdad avec sa fiancée, la princesse Parisa, mais doit faire halte sur l’île de Colossa. Là il sauve le magicien Sokurah poursuivit par un cyclope, hélas dans la mêlée le magicien perd sa lampe magique et il ne reculera devant rien pour récupérer le précieux objets.
Parfois on aimerait être capable de voir un film avec les yeux d’un enfant, être capable de voir un film comme si on en n’avait pas vu des centaines (des milliers ?) d’autres avant. N’être qu’une toile vierge. Parfois on se dit que ce serait bien de découvrir un film au moment de sa sortie tout là-bas dans les années 50 ou 60 et de n’être qu’un bambin prompt à l’émerveillement.
Après 60 ans, une durée considérable, on ne dira pas que Le Septième voyage de Sinbad n’a pas vieilli. Ce serait un mensonge et ça ne rendrait pas service ou justice à ce long métrage tout vibrionnant dans son technicolor millésimé. Le procès en désuétude est la plaie dont sont affligés nombre de production que l’on qualifiera de films de l’imaginaire. Pourquoi regarder un vieux film alors qu’on fait tellement mieux maintenant grâce au numérique ? Et c’est vrai que ce que l’on peut aujourd’hui porter à l’écran est sans commune mesure avec ce que l’on pouvait faire ne serait-ce qu’il y a trente ans.
Quand on a grandi à l’air du numérique il est difficile de voir dans les anciennes méthodes de trucages autre chose que du bricolage. D’ailleurs la promotion des films met souvent l’accent sur les prouesses informatiques et la qualité des CGI. Longtemps l’auteur de ces lignes a cru que tous les dinosaures de Jurassic Park - l’original de 1993 et de Spielberg - étaient des purs créations numériques et bien ce n’était pas le cas (Cf. le documentaire Le complexe de Frankenstein consacré à l’histoire des effets spéciaux).
Mais quel rapport avec Le septième voyage de Sinbad ? Et bien le film réalisé par Nathan Juran avec la collaboration du roi de l’animation image par image Ray Harryhausen (Jason et les Argonautes, Le choc des titans…) est de 1958 et ça se voit. Le généreux bestiaire du film - avec son oiseau roc et son poussin, ses cyclopes, son dragon et on en oublie - est un superbe vestige d’une autre époque. Celle des créatures qui prennent vie à l’écran grâce à la technique du stop motion, l’animation en volume, mise en œuvre avec un certain succès pour le King Kong de 1933 par Willis O’Brien dont Ray Harryhausen fut le protégé.
Le septième voyage de Sinbad doit beaucoup à Harryhausen qui était bien plus qu’un simple réalisateur d’effets spéciaux puisqu’il arrivait à imprimer sa patte sur les films auxquels il colaborait. On retrouve ainsi un squelette animé et belliqueux une marque de Harryhausen. Le septième voyage de Sinbad ces créatures dégagent une poésie plaisante et qui transcende les facilités de la nostalgie. On pense à cette scène où une femme serpentine danse entre effroi et grâce étrange.
Le scénario alterne le bon et le plus commun. Cet histoire de fantasy est plutôt basique puisqu’il s’agit de mettre la main sur un objet magique, la lampe d’un génie, nous sommes dans les Mille et une nuit après tout, et l’opposition d’un gentil, Sinbad un vrai héros noble et courageux, et d’un méchant le sorcier Sokurah. L’histoire contée par le film ne manque pas de ruses d’abord parce que Sokurah n’est pas sans ambiguïté ensuite parce que en forçant le bon et le méchant à collaborer les rebondissements ne manquent pas et les trahisons sont au rendez-vous. En cours de film on découvre même que la princesse n’est pas qu’une gourde juste la pour faire jolie ou un cruche tout juste bonne à être sauvée par le héros.