Esprits des Morts & autres récits d’Edgar Allan Poe
Richard CorBen
Esprits des Morts c’est un grand nom de la bande dessinée américaine qui illustre un géant de la littérature américaine
L'éditeur indépendant de bandes dessinées Delirium bien qu'encore jeune possède déjà un catalogue fabuleux. Parmi ces pépites il y a Esprits des Morts, quatorze récits (nouvelles et poèmes) d'Edgar Allan Poe adaptés et mis en images par Richard Corben.
La sélection mélange titres connus (et donc un peu attendus avec impatiences) comme La chute de la Maison Usher (le tour de force du volume), Le Corbeau ou bien Le double assassinat de la rue Morgue à des titres plus méconnus de l'oeuvre d'Edgar Allan Poe. |
S’il n’est pas nécessaire de présenté Edgar Poe, auteurs de nouvelles et de poèmes qui eut en France les faveurs de Beaudelaire (pour le pire, l’ombre du traducteur a nui à l’image du traduit, comme pour le meilleur, une reconnaissance quasi instantanée en France), il en va autrement de Richard Corben.
Richard Corben a commencé dans le milieu foisonnant des comics undergrounds d’outre-Atlentique à la charnière des années 60 et 70. Avant et pendant cette période de gestation il officie comme animateur dans une entreprise qui conçoit des films d’entreprise. Ce n’est pas très glamour certes mais c’est formateur et cette expérience d’animateur le singularisera parmi la concurrence.
Sa percée dans la sphère professionnelle il la fera grâce à Warren Publishing qui éditait des bandes dessinées au format magazine pour mieux contourner les règles qui régissaient alors la publication de comics et aussi atteindre un autre public que celui des super-héros de D.C. et Marvel. Richard Corben collabora donc aux titres Creepy et Eerie, qui prenaient le relai des défunts Tales From The Crypt et des autres anthologies horrifiques de la défunte E.C. comics, ainsi qu'à la revue Vampirella et sa vampire extra-terrestre ultra sexy.
Sa carrière était lancée. Après ça il y eut Heavy Metal, la version yankee de Métal Hurlant, puis Marvel et D.C., soit l’entrée dans la production super-héroïque, et Dark Horse Comics.
Sa percée dans la sphère professionnelle il la fera grâce à Warren Publishing qui éditait des bandes dessinées au format magazine pour mieux contourner les règles qui régissaient alors la publication de comics et aussi atteindre un autre public que celui des super-héros de D.C. et Marvel. Richard Corben collabora donc aux titres Creepy et Eerie, qui prenaient le relai des défunts Tales From The Crypt et des autres anthologies horrifiques de la défunte E.C. comics, ainsi qu'à la revue Vampirella et sa vampire extra-terrestre ultra sexy.
Sa carrière était lancée. Après ça il y eut Heavy Metal, la version yankee de Métal Hurlant, puis Marvel et D.C., soit l’entrée dans la production super-héroïque, et Dark Horse Comics.
De l’art de la découpe
Les adaptations des écrits d’Edgard Allan Poe rassemblées dans Esprits des Morts furent d’abord publiées par Dark Horse (Hellboy, Sin City…) et témoignent de l’intérêt sans cesse renouvelé de Corben pour l’œuvre du maître du fantastique macabre de Baltimore.
Richard Corben, dans un entretien introductif, explique son attachement pour l’œuvre de Poe et aussi sur l’intérêt qu’il éprouve à revisiter des œuvres qu’il a précédemment adapté comme c’est le cas ici pour Le Corbeau et L’Ombre (cf. Eerie & Creepy présentent Richard Corben Vol.2 chez le même éditeur). |
Ce qui frappe le lecteur chez Corben c’est son sens du découpage, chaque vignette à son utilité et est à sa place. Avec dix planches pour presque toutes les histoires (ce qui est deux de plus qu’à l’époque des publications Warren) il n’y a pas de place pour le superflu, le récit est concentré en un précipité morbide qui sied à ces histoires de mort. Cette science du séquençage permet à Corben de donner vie à des dessins statiques qui tranchent avec ce que l’on a en tête quand on pense comics. Il y a un côté statique à ces illustrations quelque chose de raide et de guindé. Une raideur qui renvoie tout autant au XIXe siècle qu’à une sensation funèbre car dans chacune de ces histoires la frontières entre la vie et la mort est des plus floues.
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Cette raideur ne rend que plus palpables et dramatiques les soudains accès de violence (lorsque le dessin s'anime) et accroit la portée tragique de certains dénouements qui viennent mettre à mal un ordre qui n’était qu’apparent.
La chaire faite dessin
Corben est sans pareil pour donner de la chaire à ses dessins. Ses personnages sont comme modelés plutôt que dessinés. Ils possèdent dans leurs vignettes et sur ses planches une présence que peu de dessinateurs sont capable de rendre. Cette présence corporelle est encore accrue par des gros plans sur des visages expressifs qui rendent admirablement la colère et la peur.
Les traits sont parfois forcés, Corben ne recherche pas systématiquement le réalisme photographique, c’est un dessinateur qui sait que la réalité dans la bande dessinée passe par d’autres moyens que celui d’un réalisme plat. |
Corben donne une texture à ses illustrations qui font la réalité des personnages aux destins tragiques qu’il met en scène. Dans le Double assassinat de la rue Morgue le soin apporté aux décors parisien, avec ses immeubles vétustes et ses rues pavées, leur confère une matérialité qu’un dessin plus lisse ne saurait transcrire.
Egalement disponibles chez Delirium et recommandés par la Malle aux Merveilles :
R.V.