Death
and Night
and Blood
Scandinavian Leather fut en 2003 l'album du grand retour de Turbonegro, le groupe de rock norvégien et malgrés les années ça reste une claque
Turbonegro est un héraut du rock débraillé et braillard qui n’a pas peur du mauvais goût, des chansons branchés cul et des gros riffs bien gras. Groupe norvégien ils ont acquis une solide base de fans les Turbojugend (les jeunesses Turbo) et ont forgé au fil du temps un son bien à eux, le deathpunk, soit un mélange instable de hard rock, de punk et de hardcore, de metal et de glam. Le lien entre ses éléments pas si épars le groupe l’opère grâce à une énergie folle et un sens mélodique qui transforment les 13 titres de Scandinavian Leather en autant d’hymnes à la débauche la plus éhonté (Sell Your Body (to TheNight), Train of Flesh…) et à la sauvagerie la plus échevelée (Remain Untamed).
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Pour le groupe cet album de 2002 est celui du comeback après un hiatus de quelques années au cours duquel, et de façon inattendue, la renommée du groupe a continuer à croître, notamment aux États-Unis. Plus affamés que jamais les Scandinaves livrent un album de rêve. On pense inévitablement aux Ramones sur l’intro de Turbonegro Must Be Destroyed. Des Ramones qui auraient, malgré tout le respect dû à Johnny Ramones, eu un guitariste capable de jouer un solo, car Euroboy est l’une des forces du groupe avec son jeu imaginatif et surprenant, ses soli sont autant de flèches plantées dans le corps de Saint Sébastien. L’autre force du groupe c’est son chanteur le bedonnant et charismatique Hank Von Helvete.
Les Ramones ne sont pas la seule référence du groupe, il y a aussi quelque chose des Deadboys dans le mélange d’agressivité sans concession et d’amour pour la mélodie bien troussée parce qu’au-delà d’une approche directe, droit dans la tronche il faut reconnaitre que ses gars troussent de bonnes chansons avec tous ce qu’on peut aimer chez un groupe de rock des riffs tranchants, une rythmique de plomb mais galopante et des refrains qu’on peut reprendre en chœur même bourré. Les Turbonegro sont des vicieux qui enrobent leurs bombes punkoïdes, métalliques et dures comme le roc de nappes de synthétiseurs ou de cordes (Fuck The World) qui donnent à leur cuisine une saveur épique. L’album ne manque pas de morceaux saignants.
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Généreux le groupe ne se répète pas, chaque chanson à le droit à son univers propre. Les membres de Turbonegro convient celui qui les écoute à une promenade (Ride With Us) dans un univers aussi excitant et galvanisant qu’inquiétant. Un monde barbare et décadent. La civilisation peut s’effondrer mais, nous chantent-ils, l’important est de ne pas se laisser domestiquer (Remain Untamed) et de se joindre à la meute car perdu pour perdu ils restent le rock, le gros son et la joie de faire chier le bourgeois.
Dans le genre ils pondent même une chanson apache, Le saboteur, dont les paroles (malgré leur français approximatif mais gouleyant) ont la saveur des chansons anarchistes du temps jadis ! Et à tous ceux qui prétendent que l’on ne peut pas faire du rock en français ils apportent un démenti cinglant. Si on peut faire du rock dans la langue d’Aristide Bruant, il faut juste ne pas avoir peur de ne pas être assez ceci ou trop ça.
R.V.