Une aventure lunaire
Wet Moon d'Atsushi Kaneko (scénario et dessin) est un manga en trois volumes édité par Gallimard, dans la collection Sakka en trois volumes.
Pour en apprendre d'avantage sur l'auteur rien de mieux qu'un entretien trouvé sur le site NOSTROBLOG.
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l'HISTOIRE
Wet Moon à pour toile de fond le Japon des années 60, la course au premier homme sur la Lune et la guerre froide. Wet Moon c’est l’histoire de l’inspecteur Sata qui poursuit Kiwako Komiyama une jeune femme suspectée d’avoir assassiné un collègue. Sata n’est pas n’importe quel inspecteur, c’est un policier honnête et intègre, ce qui est rare dans les forces de l’ordre de la ville balnéaire de Satsumi, et il n’est pas au mieux de sa santé mentale. Le jeune homme a un morceau de métal dans le cerveau qui lui provoque des absences et brouille sa perception de la réalité.
Dans sa quête Sata rencontrera des personnages inquiétants ou attachants qui se distinguent presque tous par leur bizarrerie mentale et/ou physique. Il y a en vrac un policier mystique qui ne jure que par la sœur Miranda, une danseuse exotique borgne, un gros tueur russe aux visages poupins et le héros, Sata, qui n’est pas le moins bizarre du lot.
Dans sa quête Sata rencontrera des personnages inquiétants ou attachants qui se distinguent presque tous par leur bizarrerie mentale et/ou physique. Il y a en vrac un policier mystique qui ne jure que par la sœur Miranda, une danseuse exotique borgne, un gros tueur russe aux visages poupins et le héros, Sata, qui n’est pas le moins bizarre du lot.
un manga lynchien mais pas que...
Difficile à la lecture de Wet Moon de ne pas penser à Philip K. Dick, pour la paranoïa latente qui suinte du récit, pour la réalité de plus en plus fuyante et pour ce personnage de Sata dont on se demande s’il est un peu, beaucoup, pas du tout dément ! Difficile aussi de ne pas songer à David Lynch (Twin Peaks, Blue Velvet ou Mulholland Drive) le temps de certaines séquences où se mêlent sexe et perversions, et aussi pour cette ambiance ou le beau côtoie de trop près le sordide. Ces références, revendiquées par Atsushi Kaneko dans le cas de David Lynch, ne doivent pas masquer la singularité de cette œuvre et le ton propre à l’auteur.
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Wet Moon est beau, le noir et blanc d’être splendide et témoigne à chaque page de la maîtrise de l’auteur. Le scénariste et dessinateur Atsushi Kaneko assure un travail magnifique. Les illustrations sont basées sur des blocs noir et blanc même si le mangaka ne s’interdit pas d’autre technique comme le recours à des nuances de gris pour les costumes des policiers ou des à-plats de rouge pour la robe de Kiwako Komiyama ou le sang répandu à terre.
Le dessin est au cœur de la narration, il déjoue le sens que les dialogues peuvent chercher à donner aux événements. Il n’est pas rare de feuilleter deux trois planches sans dialogues pour mieux se perdre, avec Sata, dans une réalité de moins en moins réelle. Devant ses planches on scrute le moindre détail des vignettes et le lecteur de se demander : Sata est-il un policier clairvoyant, qui voit la réalité dans toute sa nudité, ou un dément qui se perd dans ses délires entraînant le lecteur dans ses illusions ?
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Ce manga est captivant car Atsushi Kaneko injecte dans ses illustrations des motifs qui sont autant de thèmes récurrents comme on en trouve en musique. Ces motifs scandent le récit de façon lancinantes, il y a cette Lune empruntée au Voyage dans la Lune de George Méliès, les fourmis dont la taille varie et le bout de métal dans la tête de Sata. Ils donnent aussi aux images une cohérence et sont autant de signatures visuelles des tourments dont Sata est la proie. A ses tourments il faut ajouter l’obsession que Sata nourrit pour sa fugitive la très belle Kiwako Komiyama.
Wet Moon soulève plus de questions qu’il ‘n’apporte de réponses et il est toujours plaisant qu’un auteur parie sur l’intelligence de ses lecteurs et leur laisse l’espace pour se faire leur petite histoire à eux. |
Atsushi Kaneko vous laisse la liberté de vous faire votre idée sur une histoire tour à tour belle et horrible, glaçante et déroutante et troublante de bout en bout. Wet Moon devrait vous hanter longtemps après l’avoir lu et il est très probable que vous ayez envie de revenir de temps en temps à Satsumi.