la pop
un artisanat d'art
La pop n’est pas un genre musical en soit, pas plus que le rock d’ailleurs, c’est une façon de faire, une sensibilité, une quête. La pop c’est la recherche d’une belle mélodie mise en valeur par de somptueux arrangements. Elle peut parler d’amour ou avoir des textes abscons (les Beatles ont fait de belles chansons avec des textes incompréhensibles comme I Am the Walrus lointainement inspiré d'Alice aux pays des merveilles). C’est une musique à but commercial et ce n’est pas péjoratif car on parle d’un artisanat d’art. Là où le rock peut se satisfaire d’énergie brute et là où le jazz peut se complaire dans la complexité à outrance la pop est œuvre de délicatesse et de retenue car ce dont on parle c’est de chansons, de tubes que l’on fredonne sous la douche et qui vous reste dans l’oreille. C’est toute la différence entre Walk on by de Burt Bacharach et Hal David interprétée par Dionne Warwick et au hasard Psalm de John Coltrane. Malgré tout le génie de Trane et en dépit de la grande beauté de cet ultime mouvement de A Love Supreme, convenons qu’il n’est pas simple de chantonner ce monument du jazz quand on se promène par un bel après-midi de printemps.
La pop est une question d’orchestration, ici l’ornementation compte plus que l’écriture savante, la complexité n’est pas suffisante pour définir la qualité d'un morceau car rien ne sert de faire compliquer si une gamine de 12 ans ne peut pas fredonner votre aire. Les inventions des Beatles, qui doivent beaucoup à George Martin, n’auraient pas leur place dans leurs chansons si elles n’apportaient rien aux morceaux.
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Il doit y avoir une évidence écrasante qui va droit au but, si la chanson est triste la musique l’est aussi si au contraire elle est enjouée la mélodie est enlevée et pleine de vie. Le texte s’il est bien troussé et qu’il parle témoigne d'une certaine sincérité c’est tant mieux mais ce n’est pas une condition sine qua non les paroles peuvent aussi bien être anodines ou incompréhensibles car c’est la mélodie, le refrain accrocheur, les arrangements et les gimmicks qui font qu’une chanson pop et donc plus ou moins commerciale vous suivra toutes votre vie.
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Les cordes sur Eleanor Rigby apportent au morceau en cela qu'elles le démarquent du reste de la production des groupes à guitare et qu’elles confèrent au titre une solennité qui met en valeur la mélancolie du texte qui parle de la solitude d’une femme.
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A la même époque la Motown sortait You Keep Me Hangin' On par The Supremes qui atteignit les sommets des classements aux Etats-Unis et ailleurs dans le monde. Le titre est le fruit du travail du trio Holland–Dozier–Holland et se signale par un gimmick de guitare qui est une évocation du code morse. Un gimmick impossible à siffloter dans sa voiture mais qui rend le morceau immédiatement reconnaissable et à jamais inoubliable. Trois mois s’éparent le single des Beatles de celui des Supremes et chacun à leur manière éclaire comment l’innovation et la sophistication sont mises au service de la pop pour faire ressortir une chanson au milieu d’un environnement concurrentiel des plus féroces.
La prise de risque est constante mais ne paie pas toujours si la cavalcade Good Vibrations et son collage de sons et d’ambiances est un succès pour les Beach Boys alors même que le magnifique album Pet Sounds qui le précède de quelques mois est un échec. Enregistré pendant les sessions de Pet Sounds, Good Vibration n’a pas été retenu, il n’est pas impossible de se dire que si ce tube avait été gardé ce splendide album aurait eu une autre destinée.
La pop c’est un éloge du beau pour tous. Disons-le, la pop est un art populaire et démocratique, pas besoin de longues études pour être frappé par la beauté de Dancing Queen d’ᗅᗺᗷᗅ, de Lady Jane des Rolling Stones (qui comme le montre cette merveille élisabéthaine furent quelque part entre 1965 et 1968 un grand groupe pop) ou God Only Knows dans son interprétation par Claudine Longet.
La pop c’est un éloge du beau pour tous. Disons-le, la pop est un art populaire et démocratique, pas besoin de longues études pour être frappé par la beauté de Dancing Queen d’ᗅᗺᗷᗅ, de Lady Jane des Rolling Stones (qui comme le montre cette merveille élisabéthaine furent quelque part entre 1965 et 1968 un grand groupe pop) ou God Only Knows dans son interprétation par Claudine Longet.