glow
Cat fight
Une comédie pleine de personnages féminins attachants, qui regorge de situations vraiment drôles et qui en plus parle de catch, c’est tout ça GLOW et plus encore
GLOW (pour Gorgeous Ladies of Wrestling) commence en 1985 avec l’actrice Ruth Wilder (Alison Brie) dont la carrière ne décolle pas et qui doit se contenter de petits rôles jusqu’à ce que les hasards d’un nouveau casting raté, d’une discussion dans les toilettes et d’une dose de désespoir ne la conduise à tenter sa chance dans un programme de catch à 100% féminin. Là elle fera la connaissance du réalisateur Sam Sylvia (Marc Maron) un réalisateur de film d’horreur des années 60/70 et de ces futures collègues avec qui elle devra s’entraîner et apprendre à vivre. Elle devra aussi travailler avec Debbie Eagan (Betty Gilpin) son ex-meilleur amie et ancienne actrice de soap opera.
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On ne va pas faire les blaser, on adore GLOW pour toutes sortes de raisons plus ou moins avouables.
Cette série est la création de Liz Flahive et Carly Mensh qui ont précédemment travaillé sur des programmes comme Weeds, Nurse Jackie, Homeland ou Orange Is The New Black. Les créatrices souhaitaient se pencher sur les années qui ont suivi l’effervescence féministe des année 70. Féministe (et ce n’est pas un gros mot) la série l’est mais sans être dans le prêchi-prêcha et en offrant de beaux portraits de femmes. Des femmes d’âges différents, d’origines différentes, il y a même une anglaise jouée par Kate Nash (on aime encore aujourd’hui son titre Fondations) et aux physiques variés. GLOW c’est l’histoire de femmes qui cherchent leur voie.
La distribution est l’une des forces de la série. et on se fait une joie de retrouver l’actrice Alison Brie repérée dans la série Community. Son personnage de Ruth Wilder est parfois exaspérant tant il veut bien faire mais il est aussi attachant car il sait et nous savons avec lui que de la réussite de ce projet insensé dépend sa carrière dans le monde du spectacle.
Même si la série se passe dans les années 80, au mitan de cette décennie faite de néons, d'aérobic, de permanente, de couleurs fluo et d’épaulettes, à aucun moment le spectateur ne ressent le poids de la reconstitution historique. Le décors reste le décors. L’Amérique reaganienne, la guerre froide dans sa dernière ligne droite, la misogynie ou le machisme ordinaire sont là mais en filigrane. Le SIDA et surtout la peur qu’il suscitait sont aussi évoqués dans une poignée de scènes sans être nommés car c’est là le propre d’un tabou.
Enfin GLOW parle de catch et on aime le catch ! On raffole, au premier degré, de ce spectacle vulgaire, outrancier, excessif et fascinant. Les amateurs retrouveront dans des petits rôles des catcheurs vus entre autre à la WWE comme Carlito (Carlos Edwin Colon Jr.), Brodus Clay (George Murdoch), John Morrison (John Randall Hennigan) et l’un de nos favoris Chavo Guerrero (Salvador Guerrero IV). Le catch offre une caricature du monde du spectacle, il est aussi factice que le théâtre ou le cinéma mais en plus extravagant. Un personnage de dépit durant le dernier épisode de la deuxième saison s’écrit que le catch c’est faux et il a raison mais là n’est pas l’important. Ce qui importe c’est que ce spectacle affronte l’inconscient d’une société dans GLOW c’est le racisme (l’arabe terroriste, la mère noire ronde qui vie des allocs…) et le machisme en jouant des archétypes féminins.
Série généreuse GLOW est drôle. Le comique est alimenté aussi bien par les dialogues que par les situations. Et parfois cela tourne à l’aigre et va juste assez loin pour ne pas être mièvre ou bon enfant. On affirmera même que cette série fait parfois preuve d’une grande violence symbolique comme lorsque dans le premier épisode Ruth Wilder apprend d’une directrice de casting que celle-ci ne l’appelle que pour montrer aux réalisateurs qu’en fait ils ne veulent pas vraiment de nouvelles têtes, de personnes différentes. Cette violence est pire que toutes les morts sanglantes et les violes de toutes les saisons de Game of Thrones réunies (violences de fiction dans un monde de fictions) car elles ne sonnent que trop réelles à nos oreilles.
R.V.