LA Résurrection
Alors qu’on croyait le groupe mort depuis longtemps, Nebula nous revient en 2019 et c’est un retour jubilatoire pour tout amateur de psychédélisme lourd et bagarreur.
Nebula nous revient. Dix ans nous sépare de leur dernier album le bien nommé Heavy Psych. Le groupe qui s’est officiellement reformé en 2017 a depuis signé chez les italiens de Heavy Psych Sounds, en a profité pour rééditer ces méfaits passés (dont ce Charged qui m’a fait découvrir et aimer ce groupe, c’était… oups… en 2001) avant de révéler, le 7 juin 2019, son dernier forfait, Holy Shit. Et ce titre est le juste reflet de ce que l’on ressent à l’écoute de cet album. Holy shit ! Nebula ne renie rien de son passé. Holy shit ! C’est comme si cette décennie n’avait pas existé. Holy shit ! Cette galette est une pure jouissance, une orgie électrique, une bacchanale psychédélique. Holy shit ! J’en veux encore. Holy shit ! J’en veux plus.
Pour les amateurs d’étiquettes, de genres et de catégories Nebula est un groupe de Stoner Rock et depuis sa formation il y a plus de vingt ans le groupe du guitariste et chanteur Eddie Glass (ex Fu Manchu) officie dans le registre du psychédélisme lourd teinté par endroit de blues électrique, de hard Rock et en fait d’un peu tout ce qui passe à porter de main pour peu que ça fasse de bonnes chansons poisseuse et une musique excitante. Il y a, niché au creux de cet album, exactement au milieu, un instrumental assez court, moins de deux minutes, et qui est comme une respiration au milieu de la tempête sonique déchainée par Nebula. Fistful of Pills, c’est le titre de cette miniature, sonne comme certains titres enregistrés par Dick Dale dans les années 90, dans sa période Unknown Territories, il y a là-dedans des réminiscence surf Rock mais aussi quelque chose qui évoque les amérindiens dans les vocaux monosyllabiques. Nebula est un groupe du sud de la Californie et tout l’album a cet aspect solaire qui tranche avec la noirceur du Doom, une musique parente dans certaines de ses obsessions mais différente dans le fond comme dans la forme, même si tous ont écouté l’incontournable Black Sabbath.
|
Nebula fait du Nebula et ni le temps ni les modes n’y feront rien. Nebula fait du Nebula mais surprend toujours son auditeur en teintant Tomorrow Never Comes de guitares hispanisantes ou en accélérant puis ralentissant brutalement le tempo sur Gates of Eden, qui en plus se prive d’intro alors qu’It’s All Over est une virée dans l’espace infini qui rappel certains grands moments du psychédélisme plombé d’outre espace, Hawkwind ça dit quelque chose à quelqu’un ? Man’s Best Friend qui ouvre l’album est une nouvelle preuve que le Rock chrétien craint parce que le Rock est fait pour chanter le diable pas Dieu, il faut laisser ça au Gospel, à la Country, au Classique voire au Jazz. Le Rock aime Satan et Lucifer qui pour le pire et le meilleur le lui rendent bien. The Cry of A Tortures World qui clôture Holy Shit est une très belle bande son pour une fin du monde dans la fournaise avec son tempo alanguie et sa lourde fatalité.
Holy Shit est souvent agressif sans que cela tourne au passage à tabac sonique. La musique est épaisse mais pas grasse, elle vibre de saturation, elle respire. Holy Shit est électrisant du début à la fin. C’est une mer toujours présente et à jamais changeante. Comme il est bon de s’y baigner même si les courants sont traîtres et qu’on n’est pas très sûr que les créatures qui peuplent ces eaux sont amicales.
Ceux qui connaissent déjà les Californiens ne seront pas volés en achetant Holy Shit ! le dernier né de Nebula. Les autres, à condition d’être un peu curieux et d’avoir le goût pour le Rock lourd et tripant n’auront qu’à fermer les yeux pour se retrouver dans un monde parallèle, une réalité alternative, dans un future de science-fiction comme on le rêvait dans les années 70. Le périple vaut le détour.
R.V.